Extrait du journal

! quelle lui est supérieure ! On peut y compter, pres que minute par minute, toutes les pulsations de la pensée de l’artiste. I ne autre maquette, qui parait avoir été l'ébauche d’un camée, représente Icare tombant dans la mer à laquelle il a donné son nom. Gelle-ci est un problème, même pour ceux qui connurent le plus intimement M. Gayrard. A quelle époque naquit-elle dans la pensée du maître ? Quelle circonstance la fit naître ? A quelle circonstance dut-elle de rester simple ébai.che ? Elle fait involontairement penser à celte belle et grande armée française , la plus belle et la plus nombreuse armée des temps modernes, qui, en 1812, s’acheminait, rayon nante de vaillance et d’espoir, vers une contrée inconnue, dans les neiges de laquelle la presque totalité de ceux qui la composaient devaient rester ensevelis ! Fut-elle un pressentiment sinistre que fit taire un désastre plus grand ? Un fait induirait à le penser, quoiqu'il lut peut-être téméraire de l’allirmer ! Un camée du même maître, qui est de la même époque ou à peu près, nous mon tre la Fortune se séparant de l’Empereur, et M. Gayrard, lorsqu’une pensée s'était emparée de son esprit, avait coutume de la dédoubler, afin d’en mieux sonder toutes les profondeurs. Avant de s’adonner à la statuaire , il s’était beaucoup occupé de la sculpture* des médail les , où il s’était fait une grande renommée, et toute médaille a un revers, qui est comme le dé doublement de sa pensée. G’était là, sans doute, qu’il avait contracté cette habitude de dédou bler sa pensée , habitude excellente, du reste, et féconde en chefs - d’œuvre. On en trouve un exemple bien remarquable dans deux marbres, deux chefs - d'œuvre de grâce et d’idéale rêve rie, que j’ai vus , dans son atelier, parmi les œuvres achevées. Tous deux représentent l’Amour endormi. Dans l’un, qu’on a nommé : Sommeil de CAmour, l’Amour repose sur un lit de roses, et sa main retient, sans le soulever, son arc qu’aucune corde ne courbe. L autre s’appelle : Y Amour au ti gre; l'amour y dort couché sur le dos d’un tigre dont sa main caresse la tête, et qui dort lui-même. Ces deux Amours m ressemblent, et cependant, ils ne...