Extrait du journal

déterminé. La Marchande des quatre saisons part de tant de faits à la fois et arrive à une si nombreuse série de dé nouements qu’il me serait impossible d’en donner une analyse à moins d’y consacrer la matière d’une brochure inoctavo imprimée en petit texte. C’est le triomphe de l’arlequin dramatique. Il y a quelques années M. d’Ennery accomplit ce tour de force de compo ser un drame inédit, on apparence ab solument nouveau, rien qu’avec les matériaux classiques non seulement connus, mais encore rebattus du genre. Il y plaça une innocente persécutée, une jeune aveugle martyrisée par une mégère (souvenir de Fleur de Marie et de la Chouetto des Mystères (le Pans), deux frères ennemis, l’un fort comme un taureau, l’autre avorton chétif, ce dernier défendant l’innocente contre le premier ; finalement la punition des méchants et l’apothéose des bons. Puis M. d’Ennery intitula le tout : les Deux orphelines. Ce fut un succès de larmes qui dura toute une année. Ce précédent a peut-être contribué à égarer l’auteur de la Marchande des quatre saisons. Il s’est dit qu’on bourrant cinq actes de tous les ingrédients du mélodrame selon la formule, il ne saurait manquer d’obtenir un succès égal à celui de M. d’Ennery. En conséquence il a servi avec sang-froid au public de l’Ambigu Ie une jeune fille intéressante dépouillée de son héritage par une gouvernante in fidèle ; 2° un habile faussaire qui fabrique le testament nécessaire à l’exécution de ce dol; 3V deux gredins qui semblent avoir acheté la défroque de Robert-Macaire et de Bertrand ; 4° un marchand de vin restaurateur nommé, je crois, Mar cassin ; 5° une vieille bonne femme qui a obtenu le prix Monthyon ; enfin 6e la marchande dos quatre saisons qui...