Extrait du journal
C’est aujourd’hui le dix-septième anni versaire du « 16 mai ». M. Jules Simon essaie,dans le Figaro, d'expliquer sa conduite. Il sent bien toute la responsabilité qui pèse sur lui et cherche, comme un accusé, à se disculper; mais vainement. Ses commentaires, loin d’atténuer ses torts, montrent qu’il trahissait tout le monde : le Maréchal dont il avait gagné la confiance, il le reconnaît lui-même; le Parti modéré qui croyait en son énergie; les Radicaux, avec lesquels il ne voulait pas se brouiller et qu’il irritait par ses tartufferies. En fait, il n'a cessé d’être l’instrument docile des intrigues de Thiers qui n’a vait qu’une pensée : se venger de MacMahon auquel il ne pardonnait pas sa chute du Pouvoir. Le rôle de Jules Simon a été, dans cette affaire, absolument misérable, et il l’ag grave encore en chargeant la mémoire de Mac-Mahon qui ne peut plus lui ré pondre. Il a trempé sa plume dans le fiel. En cela, il a été très mal inspiré, parce que les accusations dont il charge les autres retombent sur lui. On voit bien qu’il voudrait faire croire qu’il a été victime d’une conspiration tramée contre lui. Il ne cite personne; il est trop habile pour cela. Il ne pro nonce pas un nom, naturellement, mais si l’on pouvait conclure de ses insinua tions, qu’il est tombé dans des embûches dressées par trois X... qu’inspirait,selon lui, l’évêque d’Orléans, ses petites ca lomnies auraient atteint leur but. Malheureusement pour Jules Simon, il y a l’Ordre du jour de Gambetta qu’il a accepté et qui livrait le Pouvoir au Génois chez des gauches. Jules Simon parle d’un ton dégagé, de ce fameux ordre du jour : Il n’avait aucune valeur, dit-il. « Quand la toile se releva le lendemain, j’avais accepté un de ces ordres du jour qui ne terminent rien, parce qu’on les rend volontairement insignifiants. » Les Gauches ne s’y trompèrent pas, elles y virent la reddition du Pouvoir et agirent en conséquence. Jules Simon, gardien de la Présidence, livrait le Ma réchal à Gambetta. La vérité, c’est que c’est cet acte inqua lifiable qui décida Mac-Mahon à chasser Jules Simon pour crime de trahison en vers lui, envers le Gouvernement, et à livrer bataille à la meute républicaine qui n’attendait que cette occasion pour assurer la fortune du Radicalisme sous les traits de Gambetta et de Thiers, de venu son associé. La vérité aussi, c’est que le maréchal accepta la;bataille politique dans les con ditions les plus fâcheuses et accepta pour ses lieutenants les stratégistes les moins aptes à le bien servir dans cette occur rence. Un appel direct, franchement adressé à la France, eût tout sauvé. Quoi qu’il en soit, c’est à la duplicité de Jules Simon, peut-être n’était-ce que faiblesse, que la France doit tous les malheurs qui l’ont assaillie depuis le « 16 Mai. » Il y a dix-sept ans, la France jouissait de toutes ses libertés : Liberté de la Presse, Liberté du Scrutin, liberté d’Enseignement. Bien qu’on fût au lendemain de la Com mune, on ne savait pas ce qu’était un Anarchiste. Le Régime des Bombes n’a vait pas fait irruption et réclamé ses droits à l’assiette au beurre. On ignorait à ce point le socialisme, que Gambetta pouvait dire : « Il n’y a pas de question sociale. » Notre budget qui avait eu à subir les écrasantes charges de la liquidation de l’année terrible, ne dépassait pas 2 mil liards et demi. Nous étions en Egypte, que nous gardions comme un gage de sécurité. On ne soupçonnait pas, alors, dans la Nation, que le gouvernement français put jamais tomber dans les mains des Tripoteurs wilsoniens et des Chéquards Panamistes. La France pouvait fièrement relever la tête. Tout le monde, en Europe, saluait son honneur et plaignait ses infortunes imméritées. L’Alsace et la Lorraine avaient le droit d’espérer encore 1 Dix-sept ans se sont écoulés ! Les Républicains-concentrés et con centrés avec le Père Napoléon et ses amis ont gouverné le Pays. L’énumération de nos ruines, de nos hontes, dit assez haut ce qu’a été ce gou vernement, que nous n’aurions pas connu sans la conspiration de Jules Simon, ser...
À propos
La Gazette est le tout premier journal français à paraître grâce au soutien du cardinal de Richelieu. Créée en 1631 par Théophraste Renaudot, qui s’était vu octroyer ce privilège du Roi Louis XIII, La Gazette était la seule publication habilitée à annoncer publiquement les nouvelles venant de l’étranger. Il s’agissait de l’organe quasi officiel du Conseil du Roi détenant le monopole de l’information diplomatique et parfois des affaires intérieures. D’abord hebdomadaire, il devient quotidien à compter de 1792.
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