Extrait du journal

» ce, qui n’a qu’un million, de même qu’il » m’a fallu déjà renoncer pour lui à ma » première et modeste affection ? Voyons, » puisqu’à votre inspiration j’ai commencé » à aimer Al. Jules, laissez-moi conti» nuer... » les applaudissemens du public ont dû prouver aux auteurs qu’ils étaient là sur la bonne voie et qu’ils avaient mis la main sur une comédie vraiment actuelle. Pourquoi n’ont-ils fait qu’effleurer leur su jet? Le mot «d’enchère matrimoniale » que je viens de prononcer me remet naturelle ment en mémoire les grandes enchères consacrées au môme objet par l’antiquité, enchères publiques, solennelles, qui ava'cnt au moins l’avantage d’être protégées par la loi et surveillées par les magistrats. Chez les Assyriens, par exemple, ainsi que cela se voit, dit-on, parmi nous, la femme ne choisissait pas son mari : elle ne le con naissait pas ou le connaissait à peine avant de l’épouser. Au jour fixé pour la solennité, la place publique se couvrait de monde; la ville prenait un air de fête; les pontifes, décorés de leurs attributs, montaient sur leurs sièges. Bientôt les jeunes (Vies étaient amenées devant eqx et leur étaient présen tées. Tour à tour ils examinaient chacune d'elles et mettaient un prix à sa beauté. Puis, le président se levait, et, prenant par la main la plus belle, Annonçait qu’elle serait adjugée au plus offrant et dernier enchérisseur. Successivement les enchères s’établissaient ainsi pour toutes. Les prix montaient, et l’argent versé par Vac piéreur,— celui que nous nommons en France le fiancé,—était dépôsé dans une urne confiée à h garde des juges. Le moment venait enfin où les offres baissaient rapi dement et où l’enchère n’avait plus de ressort. Toutes les jolies femmes avaient disparu. Il ne restait sur le marché que quelques jeunes filles oubliées de Vénus La vente se transformait alors en ad-...