Extrait du journal

En avant, marche ! Voilà une prise d’armes en règle. En effet, pourquoi le gouvernement ne supprime-t-il pas des agresseurs aussi fortement constitués ! Car, il faut le reconnaître, c’est là une véritable armée ! Rien n’y manque, ni les millions, ni les cavaliers, ni les soldats, ni les généraux achetés I ! ! Il est évident que lo gouvernement n'a pu ignorer tout cola. S’il n'a rien arreté, c’est qu’il est peut-être gagné lui-même à la conspiration. Ce n’est pas, en tous cas, la des cription que fait Y Evènement de l’armée royaliste, qui donnera une haute idée de la vigilance du gouver nement ! Il est vrai qu’il n’a pas qu’à songer à résister à l’armée de Charette. Il doit être en mesure vis-à-vis de celle des anarchistes, et, par la dépêche, qu’on va lire, on verra qu’il y a aussi celle que vient de lever Louise Michel. Lcn Anarchiste* Lyon, 18 janvier, soir. Ce soir, à la salle de l’Elysée, Louise Michel a fait une conférence au profit des familles des détenus anarchistes. Kropotkine et Bernard ont été acclamés présidents d'honneur. En prenant la parole, Louise Michel re connaît d’abord que la force seule peut transformer la société. A Lyon, dit-elle, les anarchistes sont sur le banc des accusés. En Angleterre, ils sont membres de la Chambre des com munes. Elle rapportait, ajoute-t-elle, une adres se, signée par les réfugiés français de Londres, protestant contre le procès de Lyon et se déclarant solidaires des accu sés et de leurs théories. Mais, se sachant surveillée par la police, elle a détruit cette pièce, afin de ne compromettre per sonne. Le président met aux voix un ordre du jour concluant à une prise d’armes pour se défendre contre la bourgeoisie. Cet ordre du jour est adopté. Un orateur demande que l’assemblée émette un vœu en faveur de l’acquitte ment des anarchistes. Le président répond que cela est l’af faire des juges et non de l’assemblée. Un tel vœu, dit-il, ne peut être émis sans l’as sentiment des prévenus. La séance est levée au milieu des accla mations des assistants....