Extrait du journal
En disant à nos lecteurs que le prince Napoléon était l’objet d’une poursuite pour « provocation directe par affiches à un attentat non suivi d’effet, ayant pourbut de changer le gouvernement », il paraît que nous faisions encore trop d’honneur à l’intelligence dudit gouver nement. Ainsi comprise, la prévention n’auto risait certes pas l’arrestation du pré venu, laquelle demeurait une violation flagrante du texte même de la loi, mais du moins elle n’était pas un non-sens absolu, puisqu’il y avait eu des affiches apposées et qu’on pouvait toujours dis cuter sur la question de savoir si ces affiches contenaient une provocation. C’était trop simple, et on affirme que nos républicains, pressés avant tout de montrer leur force en mettant la main sur un prince, ont perdu tout à fait la tête ; ce ne serait pas de « pro vocation à un attentat » mais de {'at tentat lui-même qu’ils l’auraient in culpé, pour se donner un prétexte à l’arrêter. Après cela il faut tirer l’échelle, car c’est le dernier degré de l’ineptie, si ce n’est pas le dernier degré de l’arbi traire. Qu’il y ait une différence entre la pro vocation par affiches à un attentat, et l’attentat lui-même exécuté ou tenté, ce n’est pas seulement le bon sens qui le dit, c’est la loi, puisqu’elle prend soin de punir l’un, comme simple délit de presse, de 3 mois à 2 ans d’emprison nement, et l’autre, comme crime do droit commun, de la détention dans une enceinte fortifiée. Il faut donc une dose plus qu’ordinaire d’impudence ou d’ignorance pour les confondre, et pour prétendre trouver dans la provocation par affiches un commencement d’exécution, puisque le commencement d’exécution consti tue l’attentat tenté, que la loi distingue précisément de la provocation. La provocation par affiches à un meurtre, non suivie d’effet, est prévue par le même article de la loi sur la presse qui punit la provocation à un attentat ayant pour but de changer le gouvernement ; que diriez-vous si, pour arrêter le provocateur on l’inculpait, non pas d’avoir provoqué au meurtre, mais d’avoir tué l’homme qu’il dési gnait, et qui continuerait à se prome ner sur le boulevard, bien vivant et bien portant ? C’est cependant ce que vient de faire le gouvernement....
À propos
La Gazette est le tout premier journal français à paraître grâce au soutien du cardinal de Richelieu. Créée en 1631 par Théophraste Renaudot, qui s’était vu octroyer ce privilège du Roi Louis XIII, La Gazette était la seule publication habilitée à annoncer publiquement les nouvelles venant de l’étranger. Il s’agissait de l’organe quasi officiel du Conseil du Roi détenant le monopole de l’information diplomatique et parfois des affaires intérieures. D’abord hebdomadaire, il devient quotidien à compter de 1792.
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