Extrait du journal

également dangereux. Jeanne d’Arc, me disait un soir quelqu’un à voix basse et dans le mystérieux crépuscule des confidences impossibles, Jeanne d’Arc a-t-elleseulement jamais existé? » 11 n’en faut pas davantage pour por ter un coup mortel au livre qui dé bute ainsi. C’est que les qualités comme les défauts d’Henri Blaze au raient dû également le dissuader de toucher à un pareil sujet. Il était spi rituel, dilettante, sceptique, fantai siste, éclectique, narquois, gouailleur, mobile, épris de l’à-peu-près, le type du narrateur qui ne croit pas que ce soit arrivé, de l’écrivain qui n’est pas sûr d’être de son propre avis. On ne savait jamais si son opinion de la veille serait colle du lendemain. Sa vie était pleine de sous-sols, de tiroirs à secrets, de sous entendus, de réti cences. On eût dit qu’une méchante fée se tenait aux aguets, à sa porte, prête à lui reprendre ce qu’une bonne fée venait de lui donner ; et ce qu’il y avait de pire, c’est que par ces in cohérences il se faisait le plus souvent complice de la mauvaise fée que de la bonne. Mais voici qui est plus fort : non seulement le récit n’est précédé d’au cune préface qui le recommande au lecteur et l'intéresse tout ensemble à l’écrivain défunt et à l’œuvre inache vée, mais il est clair que personne n’a corrigé les épreuves et qu’on y re connaît à chaque chapitre le Va comme je te pousse que M. Francis que Sarcey a naturalisé dans ses feuil letons de théâtre. La page 123, qui commence par les mots quatrième du nom et se termine par la note sui vante : « La lettre est collective selon les mœurs du temps et semble adres sée à d’illustres dames qui, probable ment, ne savaient pas lire », cette page est répétée trois fois, sans qu’une...