Extrait du journal
nions de notre école démocratique; c’est qu’il ne peut rien prouver en faveur de la forme républicaine telle que cette forme est conçue, telle qu’elle a été essayée sur le continent européen. C’est enfin que ces merveil les qui attirent nos regards sur le nouveau monde tiennent à des circonstances particulières à ces con trées, et non à des principes généraux qu’on pût appli quer sur notre continent. Disons d’abord que les principes démocratiques ne sont point en vigueur dans la constitution des EtatsUnis, puisque la république y est fédérative et non unitaire; puisque le gouvernement du peuple, cette chi mère logique de tous les démocrates, tait place à la délégation, repoussée par tous nos chefs d'école com me un commencement de monarchie. Le président, élu pour cinq ans, est un roi tempo raire. Ceux qui l’ont élu ne peuvent le destituer. 11 exerce toutes les prérogatives dévolues à la royauté dans les monarchies représentatives. Dans ce pays, les institutions ne vont pas à l’égalité des fortunes ; elles favorisent au contraire les inéga lités. On est aussi riche qu’on peut ; l’Etat vous vend de la terre autant que vous en voulez acheter. Il y a loin de là au partage égal des terres, qui, selon Mon tesquieu, est de l’essence de la démocratie. Il faut penser que dans ce pays tous ceux qui veu lent devenir propriétaires peuvent acquérir, pour des sommes minimes, de grandes étendues de terrains ; les passions envieuses qui, dans nos vieilles sociétés, fermentent dans les cœurs et sont ingénieuses à trou ver des occasions de troubles pour se satisfaire n’exis tent donc pas dans ce pays. Non seulement chaque centre d’exploitation agricole peut s’étendre fort loin sans rencontrer d’autres propriétés privées ; mais l’E tat, possesseur de ce vaste continent, s’étend lui-mê me à des contrées nouvelles et augmente ainsi le fond de propriétés qu’il débite à tous les colons américains ou européens. C’est donc l’expansion même de la population cher chant à remplir l’immense vide du territoire qui est la vie et le mouvement qu’on admire dans ces contrées. Cette expansion dans le vide est la liberté américai ne; elle peut s’exercer pendant un siècle sans que les élémens de cette civilisation puissent se faire obstacle ni se heurter contre l’autorité. Les fermens de l’huma nité ne deviennent dangereux que lorsqu’ils rencon trent leurs limites. Tous les problèmes des constitutions politiques qui ont occupé les publicistes n’existent donc pas aux Etats-Unis. Four juger la constitution de ce peuple, il faudra la voir en action, quand toutes les terres seront acquises, quand les hommes se rencontreront de cha que côté de la haie qui bordera chaque propriété, quand ceux qui ne posséderont rien ne pourront, pour quelques pièces de monnaie, acheter à l'Etat les terres dont il est aujourd’hui le dispensateur. Il faut joindre à l’étude des circonstances exception nelles qui font la prospérité actuelle des Etats-Unis, que les populations n’y paient pas d’impôts : la vente des terres suffit, et au delà, à toutes les dépenses. Cette prospérité du trésor public, pas plus que l’ai sance et la paix intérieure dont jouissent les citoyens, ne tiennent donc à la constitution politique ; c’est uni quement dans les rapports de la population avec le territoire qu’on peut en trouver l'explication. Pour avoir une idée de cette facile satisfaction don née en Amérique au besoin de posséder, et de la source de revenus que le Trésor trouve dans cette passion in hérente à l’homme, il faut penser que, pendant la der nière année fiscale, 9,819,411 acres de terres publiques ont été cadastrées ; 10,363,891 acres ont été mis en vente. Dans la même période , les ventes réalisées se sont élevées à 1,083,495 acres cédés à des particuliers ; 6,142,360 acres sont soldés des services militaires par leur location ; 9,427 acres ont été loués à d’autres titres; 16,684,253 acres ont été cédés aux Etats particuliers comme terres à défricher. Ainsi l’Union, en une seule année, a disposé de 25,346,997 acres. C’est plus de douze millions d’acres de plus que l’année dernière. Qu’on trouve 'des circonstances pareilles dans une société d’Europe, et l’on pourra, sans aucun dan ger, y établir, non seulement la forme républicaine, mais encore la forme de gouvernement qu’on voudra. H. DE LOUBDOUEIX....
À propos
La Gazette est le tout premier journal français à paraître grâce au soutien du cardinal de Richelieu. Créée en 1631 par Théophraste Renaudot, qui s’était vu octroyer ce privilège du Roi Louis XIII, La Gazette était la seule publication habilitée à annoncer publiquement les nouvelles venant de l’étranger. Il s’agissait de l’organe quasi officiel du Conseil du Roi détenant le monopole de l’information diplomatique et parfois des affaires intérieures. D’abord hebdomadaire, il devient quotidien à compter de 1792.
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