Extrait du journal
Les ouvriers boulangers provoquent des bagarres Les grévistes, réunis place de la .Con corde, se battent avec les agents La période des violences est commencée. Ce i matin, les grévistes de la boulange ont terro risé tout un quartier, pendant une heure, et sc sont colletés avec la police. Un les avait convoqués secrètement, sur la place de la Concorde. M. Bousquet leur avait recommandé de se disperser dans les ChampsElysées, et d’accourir quand une pancarte portant ces mots, boulangers en grève, repos hebdomadaire, serait arborée. La consigne fut rigoureusement observée. A dix heures, la police ne se doutait encore I de rien. Il n’y avait pas un seul agent sur la place de la Concorde, lorsqu’une colonne forte de deux mille hommes s’engagea dans la rue Royale. Ce fut uu gros émoi, dans ce quartier où abondent les magasins de luxe. Les bouti quiers, effrayés, sortaient sur le pas de leur porte, déplorant l’absence de la police. En tête du cortège, marchaient M. Bousquet et M. Savoie. Ces deux meneurs arrivaient deI vaut la Madeleine, lorsque des brigades d’nj genls, accompagnés de gardes municipaux, I débouchèrent du boulevard. i M. Bousquet terrassé M. Bousquet voulut parlementer, expliquer ' que la manifestation était pacifique. Mais on ! ne l’écouta pas. Des agents l’empoignèrent, le | jetèrent à terre, et le passèrent à tabac avec i une maestria que M. Clemenceau désavouera j sans doute. Une mêlée générale s’engagea, entre les j manifestants et la police. Les coups do poing i pleuvaient sur les boulangers qui ne man, quaient pas de riposter, du reste. Enfin, le cortège fut rompu, disloqué, rejeté i dans les rues avoisinantes et notamment dans la rue Saint-Honoré. . Agents renversés Un groupe important arriva devant l’annexe i de la Bourse du Travail, rue Jean-Jacques ! Rousseau. Là, une nouvelle bagarre s’engagea, plus terrible que la première. Nous avons vu des agents terrassés, piétines par les manifestants qui réussirent à entrer à la Bourse. Quelques minutes après, ils en sortirent, et ; encadrés par des agents ils se dirigèrent par la vue Etienne-Marcel et la rue Twrhigo vers la Bourse du Travail de la rue du Châteaud’Eau. A la Bourse Autour de l’immeuble principal, des forces policières étaient massées, mais elles n’eurent pas à intervenir. Les boulangers descendirent à la salle des j Grèves, et le citoyen Savoie prit la parole. Il dit que la manifestation ne sera pas sans résultat. La population est avertie «pic le nombre des grévistes est considérable. D au tres manifestations analogues sont préparées. M. Bousquet dit que M. Lépiue a perdu sa i réputation d'homme qui prévoit tout. — « Nous l’avons pris au dépourvu, dit-il, et nous aurions pu, si nous avions voulu, chambarder l’Elysée. » M. Bousquet se livre à une violente diatribe contre les socialistes du ministère. Il proteste contre les brutalités des agents et des gardes qui méritent désormais le nom de « gardes ca pitalistes ». ti M. Grégoire dit que les temps sont proches et que les bourgeois n’ont qu'à prendre garde. Un assistant propose l’achat de trois cent cannes ferrées. M. Savoie combat cette propo sition qu’il qualifie d’absurde. l u autre crie : « A bas la République. » ! Celte clameur n’a soulevé ni approbation ni protestation. La sortie a eu lieu aux accents de la Carma gnole. * Jean Ligure. Ou lit dans Y Humanité : JEAN CHANTAGREL Mort du seul élu du Parti socialiste au Sénat. — Un vétéran de la démocratie. Son rôle dans le Panama. Nous apprenons avec un vif chagrin la mort subite du citoyen Jean Chanta^rel, l’uniquo représentant du socialisme organisé au Sénat, décédé hier à l’âge de 84 ans, à Saiut-Lcu! Taverny. Le citoyen Chantagrel était un vétéran de la ; démocratie du Puy-de-Dôme. Professeur de droit à la Faculté de Clermont-Ferrand, il | était élu député au scrutin de liste comme radical en 1885. j Membre de la Commission des obligations à , lots pour le Panama, il fit preuve en des cir constances délicates d’une intégrité dont Î>eu de parlementaires donnèrent alors 'exemple. Un million lui fut offert pour acheter son vote, mais il refusa avec hauteur de se prêter à cette tentative de corruption. Au procès de Lesseps, devant la Cour d’as' sises, l’honnêteté de Jean Chantarel apparut avec éclat devant l’opinion, étonnée, après tant de scandales, de se trouver en pré sence d’un véritable « incorruptible. » Le voilà le Personnel Républicain, le Souverain de la France, peint par les Républicains. j Un voit si nous exagérons en disant 3ue, depuis le Panama, la République a éshonoré la France....
À propos
La Gazette est le tout premier journal français à paraître grâce au soutien du cardinal de Richelieu. Créée en 1631 par Théophraste Renaudot, qui s’était vu octroyer ce privilège du Roi Louis XIII, La Gazette était la seule publication habilitée à annoncer publiquement les nouvelles venant de l’étranger. Il s’agissait de l’organe quasi officiel du Conseil du Roi détenant le monopole de l’information diplomatique et parfois des affaires intérieures. D’abord hebdomadaire, il devient quotidien à compter de 1792.
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