Extrait du journal

son, un ballon monté par deux hommes qui inspectaient les environs. Après un long stationnement de huit heures à minuit, le ballon atterrit sur le territoire de Neuve-Maison (Aisne), à quelques kilomètres d’Hirson. Deux aéronautes descendirent et pro cédèrent au dégonflement. Le jour étant survenu, les gens du village qui prêtèrent leur concours aux aéronautes, reconnurent des Allemands. L un d’eux ne savait pas le français, l’autre le parlait correctement. Tous deux étaient munis d’appareils photo graphiques, de lorgnettes et de divers instruments. Le commissaire de police d’Hirson interrogea les voyageurs qui répondirent qu’ils venaient de Liège, où avait eu lieu un concours de ballons. Ils donnèrent leur adresse à Cologne, où ils exercent la profession de négociants. — Mais vous voyez bien, dira-t-on, vos craintes sont chimériques. Ces braves gens, comme leurs émules, faisaient tout simplement partie d’un concours de bal lons organisé à Liège, et le hasard des vents les a poussé sur notre territoire. Ce qui n’est, certes, pas un hasard, c’est le nombre surprenant de concurrents allemands dans ce concours. Mais ce qui semble, par contre, un hasard absolu ment surprenant, c’est qu’à la suite de ce concours on n’ait signalé l’atterris sage, sur notre territoire, d’aucun bal lon belge, anglais, américain, russe ou français. Serait-ce qu’à ce concours liégeois ne prenaient part que des ballons alle mands ? Ou bien les vents soufflaientils vers la France uniquement pour eux? Ou bien encore, ce concours était-il organisé à Liège par l’Allemagne, dans l’unique but d’envoyer un bon nombre de ballons voir chez nous ce qui s’y passe ? S’il en était ainsi la chose deviendrait singulièrement grave. Etant donné sur tout que, comme ceux que nous signa lons plus haut, la plupart de ces (aéro nautes étaient munis de puissantes ju melles et d’excellents appareils photo graphiques. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’en Allemagne le pays entier s’inté resse à l’aérostation militaire, témoin la dépêche suivante : Le Conseil municipal de Spandau a été saisi d’une motion tendant à mettra A la dispo sition du comte Zeppelin une somme de 6 mil lions et demi de marks pour continuer ses essais de ballon dirigeable. Quoi qu’il en soit, étant donné que deux précautions valent mieux qu’une, il ne serait pas mauvais de faire com prendre aux Allemands que cette inva sion de ballons nous déplaît. CHRONIQUE...