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La Gazette, 26 octobre 1912

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La Gazette
26 octobre 1912


Extrait du journal

Quatre juifs polonais exploitaient un in génieux moyen de faire fortune : c’était une boite à double fond, actionnée par un petit appareil électrique. Nos gaillards, très répandus dans le monde des courses et de ces cercles spéciaux où l’on a toujours l’oreille tendue pour guetter le pas du commissaire dans l’escalier, di saient aux « bonnes poires » qu’il avaient élues pour victimes : — Nous avons trouvé un procédé admi rable... et si simple 1... pour décalquer les billets de banque. Vous déposez dans ce coffretdeux billets...disons de cinquante francs, pour ne pas vous effrayer. Entre les deux nous plaçons une feuille de papier blanc chimiquement préparée. Un courant élec trique passe, une sonnerie retentit... et vous avez trois billets au lieu de deux... Essayons un peu ! On essayait; l’opération réussissait à mer veille. Lorsque la sonnerie avait retenti, les compères ouvraient le double fond et en tiraient non plus deux billets de banque mais trois, en effet. — Vous nous auriez confié un billet de mille francs, ou deux, ou quatre, c’eût été la même chose... Un peu plus long, seule ment. Emerveillée, la dupe courait vendre des valeurs ou ses meubles, au besoin, pour se procurer des billets de mille et elle les ap portait tout courant aux astucieux fils d’Israël. — A merveille... Seulement l’opération sera plus longue vu la dimension et le nom bre des billets... Revenez demain à pareille heure. Le lendemain, à pareille heure, les quatre juifs étaient loin. Ils parcoururent ainsi l’Allemagne, la Suisse, l’Italie et enfin la France, raflant par tout les billets de banque. Ce qui est admira ble, c’est que personne ne leur dit jamais : — Décalquer des billets de banque est une coquinerie... Je vais vous faire arrêter. Mais enfin, on sait que dans le conte de Voltaire il se trouva tout de même un homme qui, après avoir traversé la galerie obscure où tant de trésors étaient étalés, avaitles poches vides et l’allure légère... Un Parisien honnête, ou sceptique peut-être, a dénoncé les quatre filous. Interrogés par le chef de la Sûreté, ils se renfermèrent dans un mutisme absolu. A toutes les questions, leurs signes indiquaient qu’ils ne comprenaient pas notre langue. Alors le chef de la Sûreté eut une idée gé niale : — Enfin, auquel de vous quatre appartien nent les trois billets qui sont encore dans la boite ? D’une seule voix, ils s’écrièrent : — A moi !... A moi, mon « pon » monsieur... Nous avons un chef de la Sûreté très fin. Peste! cette nouvelle valait bien une Note d’Actualité ! GEORGE DE CÉL1...

À propos

La Gazette est le tout premier journal français à paraître grâce au soutien du cardinal de Richelieu. Créée en 1631 par Théophraste Renaudot, qui s’était vu octroyer ce privilège du Roi Louis XIII, La Gazette était la seule publication habilitée à annoncer publiquement les nouvelles venant de l’étranger. Il s’agissait de l’organe quasi officiel du Conseil du Roi détenant le monopole de l’information diplomatique et parfois des affaires intérieures. D’abord hebdomadaire, il devient quotidien à compter de 1792.

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