Extrait du journal

UN BLAME NÉGLIGEABLE Non contents d’avoir refusé d’adhérer à la protestation de M. le bâtonnier Rousse contre l’enlèvement des crucifix, les membres du Conseil de l’ordre des avocats de la Cour d’appel de Paris vien nent de blâmer l’éminent doyen coupa ble, à leurs yeux, de setre fait le pro moteur des protestations individuelles qui se sont jointes à la sienne. Ces messieurs ont décidé qu’aucun membre du Conseil de l’ordre ne devait provoquer de manifestations. Comment 1 il serait interdit à un avo cat, honoré de la confiance de ses con frères, d’exprimer individuellement les révoltes de sa conscience, et à d’autres avocats de lui marquer qu’ils sont avec lui en parfaite communion de senti ment 1 Quelle idée les membres du Conseil de l’Ordre à la Cour d’appel se font-ils donc de l’indépendance du Barreau ? Si, en revêtant la robe, les avocats devaient abdiquer le droit de manifester leurs croyances religieuses, il ne leur resterait plus qu’à s éloigner d’un corps qui, rompant avec ses glorieuses tradi tions, condamnerait ses membres 5 la plus honteuse des abdications. Mais la décision du Conseil de l’Ordre à la Cour d'appel ne saurait obliger que ses auteurs ; Me Rousse et ses 401 adhé rents do l’heure présente ont jugé à bon droit qu’ils n’avaient à s’enquérir de l’agrément de personne pour formuler leurs généreuses protestations. Que leur importe le petit blâme de quelques-uns de leurs confrères? Ils ont pour eux le témoignage de leurs consciences et l’approbation de tous les hommes de cœur....