Extrait du journal

Non, mon ambition ne va pas jusqu’à réclamer l’indépendance de la grande comédie, de la co médie qui pense, qui vit et qui reste. Ghaque gou vernement, je le répète, a son tempérament. Seulement ces plaisanteries d’un moment, — feux d’artifice dont les fusées peuvent nous attein dre sans péril et qui n’ont que la durée de tous les î'eux d’artifice,—ces anodines parodies, ces revues inoffensives dont l'ambition se borne à nous faire rire un seul soir des sottises de tonte une année, ne pourraient-elles point se soustraire à la loi commune et obtenir la permission d’avoir un peu d’esprit, même aux dépens de ceux qui ont le droit de les condamner à n’avoir point d’esprit ? Leurs traits sont légers; ils s’envolent avec la pointe des couplets. Où nous demandons à être égayés par tant de bonne humeur, de musique, de danses, la méchanceté serait de la maladresse. Gette année surtout, grâce au bruit qui s’est fait autour d’une pièce récente, grâce à l’autorisation qu’elle a obtenue et qui semble inaugurer pour ^ tous les écrivains dramatiques une ère nouvelle,— car enfin, l’égalité est un grand principe, un prin cipe de 80 ! le plus invoqué de tous même, depuis que la liberté a été réservée pour couronner l’édi fice— cette année, j’espérais que la satire, la bon ne satire, la satire du fort par le faible, aurait re pris tous ses droits. On avait tant dit autour de moi que la comédie est libre pour tous et que si certaines opinions manquent de défenseurs, c’est qu’elles manquent d’hommes d’esprit pour les défendre ; on avait tant répété que la liberté est de droit commun, que je m’attendais à voir le gant relevé et à jouir du spectacle de quelque amusan te représaille, protégée par l’impartialité de la loi. Est-ce l’auteur qui a fait défaut à la liberté ? est-ce la liberté qui a fait défaut à l’auteur ?...