Extrait du journal
Il se fait quelque bruit autour d’une affaire qui révèle une fois de plus quels procédés emploie volontiers la police républicaine. Deux femmes ont été ar rêtées au Bois de Boulogne. Elles pa raissaient suspectes à des agents en promenade daus ces parages. Elles pro testèrent, mais en vain. L’agenb avait un mandat judiciaire l’autorisant à appréhender et à incarcé rer un certain corsage, une certaine jupe et un certain chapeau d’une cer taine couleur. Ces objets furent donc saisis d’une main ferme, et, avec eux, les personnes qui les portaient, naturel lement. Elles jetèrent des cris do protestation et d’indignation mais, naturellement aussi, on ne les écouta pas. Il fallut l’intervention de Me Coudy, un actif avocat très ému de cette agression policière, pour obtenir une libération qui aurait dû être aussi spontanée que Terreur commise. On sait très bien que ces sortes d’ar restations sont périodiques. Ni l’admi nistration, ni le gouvernement ne font rien pour les empêcher. Ils avouent les fautes de leurs agents, ils promettent de punir et puis tout continue ; car, si les agents changent, les méthodes ne sont point changées. Comment justifier ce mandat en blanc, prescrivant d’arrê ter des jupes et des corsages de telle ou telle couleur ? On n’essaie pas, mais on continuera. Quelques républicains veulent bien reconnaître que « cette triste affaire a des côtés désastreux ». Un journal très officieux fait une sorte de confession pu blique, au nom du gouvernement et de ses amis : « Sur la si mple affirmation d’un agent des mœurs, porteur d’un mandat en blanc, tout le monde peut être apEréhendé, traîné au poste, envoyé au lépôt, pêle-mêle avec les apaches et les prostituées. » Il semble que le fait d’arrêter un citoyen — ou une citoyenne — devrait être entouré de toutes les garanties de vérité et de témoignages possibles. 11 n’en est rien. » Sans autrement s’en émouvoir, à l’aveuglette, on accuse, on emballe, on déshonore. On peut créer les alibis les moins attaquables, appeler à son aide la parole d’un chirurgien qui vous a donné ses soins à l’hôpital, à l’heure même où, d’après la parole de l’agent, vous vous trouviez, en posture douteuse, dans les fourrés du Bois. Peine perdue. Le juge a fait tirer les verrous de Saint-Lazare. » Tant pis pour vous. » Quinze jours après, il reconnaît l’erreur. Il en est quitte pour vous tirer sa révérence et vous ouvrir les portes. » Ce n’est pas la première fois, hélas ! que de semblables et si tristes faits se constatent. Il faut y mettre ordre. Le président du Conseil a prescrit une enquête. C’est fort bien. » Mais il faut une sanction, et une sanction sévère. Le public l’attend avec raison. »...
À propos
La Gazette est le tout premier journal français à paraître grâce au soutien du cardinal de Richelieu. Créée en 1631 par Théophraste Renaudot, qui s’était vu octroyer ce privilège du Roi Louis XIII, La Gazette était la seule publication habilitée à annoncer publiquement les nouvelles venant de l’étranger. Il s’agissait de l’organe quasi officiel du Conseil du Roi détenant le monopole de l’information diplomatique et parfois des affaires intérieures. D’abord hebdomadaire, il devient quotidien à compter de 1792.
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