Extrait du journal

raient dans leur sac. Le grand-duc leur envoya son premier ministre pour juger de l’ouvrage. C'était un bon vœux ministre, brave homme, comme il y en avait alors. Il entre, no voit ri m sur les métiers : — <ï Bon Dieu ! se dit-il,serais-je un soi ? » Il lire ses lunettes, les essuie, les place sur son nez, d’une main tremblante. Cependant les fripons s’empressaient autour de lui : — Que pense Votre Excellence de ces couleurs, de ce dessin? L’étoffe n>st-el!a pas moelleuse à miracle ? — C’est c harmant, charmant ! balbu tia le premier ministre, qui se retira tout déferré, disant à part soi : Si ion se doutait que jo ne vois rien !.. Quel triomphe pour l’opposition !... Mais jo ne leur ferai pas ce plaisir. » Toute la ville était en émoi. On ra contait que le premier ministre avait jeté des cris d’admiration devant l’étoffe magique et chacun brûlait de i& voir. Et les gens so raillaient l’un l’autre eu so demandant : « Mais la verrez-vous bien? >. Nul n’en doutait pourtant, car qui se croit sot ? Les deux charlatans semblaient précipiter leur travail, de mandant plus que jamais de l’or, de la soie, des gemmes pour le beau costume. Enfin, ils firent mine d’enlever l'étoffe du métier, coupèrent dans l’air avec (le grands ciseaux, cousirent avec mie aiguille sans fil et déclarèrent le vête ment achevé. Son Altesse sérénbsime, accompagnée de toute la Cour, se rendit chez les deux compères. Ceux-ci, les bras levés comme s’ils tenaient quelque chose :...