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La Gazette, 31 août 1848

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La Gazette
31 août 1848


Extrait du journal

pour excuse les circonstances réellement trèsgraves où était la capitale, la nécessité d’agir avec promptitude, et enfin il n’existait encore aucune loi qui fût applicable à certains délits de presse ; mais maintenant la situation est complètement changée. Après cela, il est de notoriété publique que la Gazette de France n’a jamais excité à la guerre civile. N’a-t-elle pas, au contraire, constamment demandé des réformes pour éviter des révolutions ? Et même le gouvernement actuel n’a-t-il pas saisi il y a quelques jours ce journal pour un article où toutes les révolutions, c’est-à-dire toutes les gue res civiles qui les ont produites, étaient con damnées? (Gazelle de Lyon.) NANCY, 28 août. Par arrêté du pouvoir exécutif, la Gazette de France est suspendue. La Gazette de France était le plus ancien de tous les journaux. Il paraît, au rosk, qu’on n’en a pas fini avec les voies extra-judiciaires. Nous ignorons quel organe de l'opinion publi que doit éprouver demain le sort de la Gazelle , du Représentant et autres ; quel qu’il soit, nous protestons, pour notre pari, contre ccs atteintes portées à la liberté de la presse, il y a quelque temps, le pouvoir exécutif a fait voter à l’Assem blée nationale une loi contre la presse, plus sévère que toutes celles des deux dynasties : n’est-il pas évident, dès-lors, qu’il s’est dessaisi de son droit absolu entre les mains des tribunaux ou du jury ? Si un journal fait nul, s’il met en danger la propriété, la famille, la société, le gouvernement, traduis'-z-le devant la justice du pays, nous n’y trouverons rien à redire ; mais gardez-vous des coups d’état, gardez-vous en au nom des inté rêts mêmes de la République. ( L'Espérance. ) DOUAI, 29 août. Au milieu de toutes les- graves préoccupations du présent, une pensée nous afflige p’us encore que toutes les autres, c’est celle do savoir que la liberté de la presse, cette garantie précieuse des conquêtes do la civilisation molertio, soit aujour d’hui à la merci d’un homme. A peine sommes- : nous entrés dans le septième mois d’un gouver nement qui a pris pour devise Liberté, égalité, fraternité, que nous voyons se réaiis- r des faits inouïs ; notre attention est chaque jour détournée de la voie régulière où elle voudrait fixer les es prits, par des actes, les mêmes qui ont amené les révolutions do 1830 et de 1848. Les attentats contre la presse 11’ont porté bon heur à aucun gouvernement. Nous ne savons pas quelle sera la durée de la R publique démocrati que et sociale, nous voulons taire les vœux de l’opinion à cet égard; mais s’il y a indignation de la part des populations contre les hommes et les choses, si providentiellement dévoilés par l’enquê te, messieurs les républicains de la veille sont bien coupables. Ainsi, pour ne ptàrler que de la presse ; la Fran co a vu jeter en prison le directeur d’un journal, mis au secret sans motifs; elle a vu des journaux, les uns suspendus , les autres supprimas en vertu de l’état de siégé ; elle a baissé la tête devant cet arbitraire , car elle a pu croire que le salut de la République exigeait de pareils sacrifices. Mais au jourd’hui , lorsque la tranquillité est rétablie dans les rues de Paris , elle ne saurait se tromper sur les tendances du gouvernement. S’il y a un journal à Paris qui devait être à l’a bri des actes du bon plaisir de ce gouvernement , c’est certes la Gazette de France Son savant di recteur, avec 1-quel nous conférions encore der nièrement, nous disait : « La révolte n’est jamais permise, mais avec le vote universel ceux qui fo mentent le désordre ou qui poussant à la guerre civile, sont bien plus coupables que sous un régi me de monopole. Le vote universel, en effet, est le moyen de tout rectifier , de tout sauver. Un Un pays aussi grand par la raison, aussi puissant par l’intelligence que la France, ne peut rester longtemps sous le coup d’un gouvernement de parti. Tout pour la nation et par la nation, rien pour les partis et par les pat lis, car ce sont les partis qui ont fait le malheur de la France depuis 50 ans. » Et c’est un journal rédigé constamment dans ces idées, et c’est un journal qui demande sans cesso l’appel au peuple, qu’on suspend en prétendant qu’il provoque à la guerre civile. Ah ! c’est trop fort 1 Que l’état de siège suspende toutes les lois, mêmes celles qui protègent la propriété, et la fa mille, soit; mai» n nous semble que l’état de siège ne peut donner à un gouvernement quelconque le droit de calomnier les écrivains. La Gazelle de France a toujours combattu la guerre civile. En 1832, lors de la prire d’armes de la Vendée, ce journal se séparait do ses amis et n’hésitait pas à les attaquer. Aujourd’hui comme en 1832, elle combattrait encore ses amis s’ils entraient, ce qui ne sera pas , dans la voie des luttes armées. El cependant la Gazette est suspen due 1 O justice I (Le Réformiste )...

À propos

La Gazette est le tout premier journal français à paraître grâce au soutien du cardinal de Richelieu. Créée en 1631 par Théophraste Renaudot, qui s’était vu octroyer ce privilège du Roi Louis XIII, La Gazette était la seule publication habilitée à annoncer publiquement les nouvelles venant de l’étranger. Il s’agissait de l’organe quasi officiel du Conseil du Roi détenant le monopole de l’information diplomatique et parfois des affaires intérieures. D’abord hebdomadaire, il devient quotidien à compter de 1792.

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