PRÉCÉDENT

La Gironde, 4 juin 1872

SUIVANT

URL invalide

La Gironde
4 juin 1872


Extrait du journal

Une récente lettre de M Jules Simon aux évêques de France occupe aussi beaucoup nos confrères parisiens : c’est une réponse à l’archevêque de Bennes, qui ne veut pas admettre que Mll° LoizilIon, inspectrice de l’enseignement primaire, vienne visiter les écoles congréganistes de son diocèse, et qui engage les autres prélats à en faire autant. La note qu’il a fait passer à ses collègues est d’un ton exquis. « Menacé, dit-il, de la visite de cette demoiselle Loizillou, dont les inspections dans le département des Bouches-du-Rhône et de la Loire ont eu un si fâcheux retentissement, et désireux d’épargner ii nos bonnes religieuses l’humiliation d’entendre les théories d’une libre-penseur » Nous en avons cité assez pour donner une idée du morceau. On conviendra que les écoles primaires et les salles d’asile ont dû rarement fournir à l’honorable inspectrice l’occasion de tenir des discours irréligieux ; aussi l’accusation de Mgr de Rennes ne rt pose-t-elle sur aucun fondement : les rapports des préfets de la Loire et des Bouches-du-Rhône ne laissent aucun doute sur ce point ; le seul tort de M“" Loizillon, c’est de prendre sa tâche au sérieux et de ne pas trouver que l’enseignement congréganiste soit toujours la perfection : elle pense, par exemple, qu’il ne faut pas faire du Catéchisme, de l'Evangile et de l’Histoire sainte les seuls livres de lecture pour les enfants, et que les jeunes filles confiées aux sœurs comprendraient mieux, quoiqu’on puisse penser le peu pédagogue M. Veuillot, une phrase comme celle-ci : « Ce chat a bu mon lait, » que tout le fatras théologique qu’on leur sert quelquefois en dictée. 11 n’en faut pas plus à, nos évêques pour trouver que l’inspectrice n’est pas touchée de la gril ce divine, que c’est une libre-penseur, athée et matérialiste ; c’est un monstre, enfin. dont la seule présence serait une souillure pour les religieuses. Mentez, mentez encore, il en restera toujours quelque chose : malheureusement, il était trop facile de rédfliro k néant ces odieuses calomnies. C’est ce que vient de faire le ministre de l’instruction publique. Toutefois, il suspend provisoirement l’exécution de l’arrêté ministériel qui concerne M110 Loizillon, sauf à en référer au Conseil supérieur de l’instruction publique. Encore une faiblesse I M. Jules Simon devrait savoir cependant qu’aucune concession ne lui ralliera le clergé, et il ferait bien de le rappeler k l’obéissance de. lu loi tant pis pour les religieuses si elles redoutent d’être inspectées. Cela ne prouve pas qu’elles aient elles mêmes une grande confiance dans leurs méthodes ni dans leur savoir....
La Gironde (1853-1935)

À propos

La Gironde est un quotidien régional fondé en 1853 par Haussmann, alors préfet de la Gironde, et grâce à l’appui Théodore-Casimir Delamarre, propriétaire de La Patrie. Racheté quelques mois plus tard par Gustave Gounouilhou, le journal devient à partir de 1857 anti-gouvernemental, opposé à Napoléon III. Modéré, il devient ainsi une force d’opposition républicaine et régionale, et un produit culturel de large consommation, au point d’être suspendu de deux mois en 1864 et poursuivi en 1869. Il sera remplacé par La Petite Gironde.

En savoir plus
Données de classification
  • gambetta
  • rouher
  • bethmont
  • dréolle
  • thiers
  • simiot
  • corne
  • jules simon
  • ernest dréolle
  • onate
  • france
  • paris
  • bordeaux
  • loire
  • madrid
  • angleterre
  • bismark
  • lyon
  • navarre
  • espagne
  • la république
  • l'assemblée
  • p. v.
  • parti libéral
  • union
  • république française
  • i m.
  • conseil général
  • parti démocrate
  • sénat