Extrait du journal

La France venait de perdre le meilleur de son sang sur les champs de bataille et dans la plus épouvantable des guerres civiles. Vaincue, mutilée, encore humiliée par la présence des troupes étrangères, la noble blessée travaillait déjà, avec un courage admirable, à la reconstitution do ses forces vives. Mais une cruelle inquiétude pesait lourdement sur le pays. Qu'allait-il sortir de toutes les intrigues de l'Assemblée Nationale'! Quel lendemain pouvait-on attendre d'une majorité décidant des plus graves questions constitutionnelles à une voix de majorité? Quelle importance fallait-il attacher à ces négociations actives entre Versailles et Frohsdorf ? Quelle influence pouvait avoir sur les destinées du pays la fusion des deux branches de la maison de Bourbon? La question du rétablissement de la monarchie n'était-elle pas tous les jours agitée? Le maréchal de Mac-Mahon ne semblait-il pas disposé à céder immédiatement la place à Henri V ? Le bruit ne courait-il pas que la fameuse question du «drapeau» était enfin résolue? Le comte de Chambord, pressé de s'expliquer, n'avait-il pas fini par dire, après bien des hésitations : « A ma rentrée en France je saluerai le drapeau tricolore » 1 N'était-il pas déjà entendu que le Roy conserverait le drapeau blanc pour sa Maison et daignerait laisser à nos régiments le drapeau de la Révolution? Ne parlait-on pas de la présence du prétendant à Versailles et de son entrée imminente dans Paris ?...