Extrait du journal

Voyez-vous ce ministre de la guerre, pour qui les Chambres imposent au pays les plus lourds sacrifices d'argent, qui a le plus gros budget, qui est responsable devant le Parlement de l'emploi des deniers et qui ne pourrait pas visiter les forts et les magasins militaires sans exciter la susceptibilité de nos voisins? En sorte que le contrôle que chaque ministre est tenu de faire dans son département ministériel, deviendrait dans le cas spécial du ministre de la guerre un casus belli. La presse allemande abuse du droit de déraisonner. A qui ferait-on croire en Europe que depuis douze ans c'est la première fois que le ministre de la guerre profite des vacances parlementaires pour aller inspecter sur la frontière de l'Est íes travaux de fortifications ? Estce que lo général Farre, et le général Billot, pour ne citer que les plus récents, n'ont pas fait des tournées semblables à celles du général Thibaudin ? S'est-on jamais avisé de voir, dans ces tournées de service, une pensée agressive ? Mais, à ce compte, le ministre de la guerre ne pourrait pas remuer le petit doigt sans faire tomber en garde toutes les plumes allemandes. Dans quelques jours, M. le général Thibaudin doit reprendre sa tournée, et ce n'est pas l'Allemagne qui sera menacée, cette fois. C'est du côté des Alpes que se dirigera M. le ministre de la guerre. Menace contre l'Italie. Si la querelle d'Allemand n'était pas une spécialité des sujets de M. de Bismark, la presse Italienne aurait là une belle occasion de déclarer qu'il n'y a pins de sécurité pour l'Italie, du moment que le ministre de la guerre va inspecter les magasins de la frontière. Tout cela est parfaitement ridicule....