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La Justice, 31 janvier 1883

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La Justice
31 janvier 1883


Extrait du journal

0û vient de trouver un singulier moyen de résoudra les crises ministérielles : on ne les résout pas. Depuis samedi soir, trois ministres soat démissionnaires : M. Duclerc, qui est au lit, et MM. Billot et Jauréguiberry, en fort bonne santé, d'ailleurs, mais qui ne veulent pas plus que leur collègue malade qu'on expulse les princes. Voilà donc trois portefeuilles, trois grands portefeuilles, comme on dit, qui sont sans titulaires. De ce cabinet, qui fut à son origine un bouche-trou, il ne reste que les petits personnages : l'agriculture, le commerce, les cartes postales, les télé graphes, etc., etc. Tout ce petit monde où M. Devès est presque quelqu'un, a eu l'ingénieuse idée de former à soi tout seul une réduction de cabinet. On a mis M. Fallières à la présidence du conseil, parce qu'un conseil ne va pas sans président. Une fois cet emploi pourvu, la petite troupe d'été, allégée par le départ de trois de ses membres, s'est présentée à la Chambre dans ce modeste appareil, avec la prétention d'ouvrir immédiatement ce grand débat politique sur la situation des princes. La droite a protesté ; et il faut bien dire que la droite avait raison ; non point pour les motifs que M. Paul de Cassagnac est venu développer à la tribune. Non, il ne s'agit ici ni d'armée de terre ni d'armée de mer. La propriété des grades n'est point menacée par le projet de la commission ni par le projet de M. Floquet. 11 s'agit surtout de faire un acte politique dont l'importance n'échappe à personne. On pouvait attendre, pour faire cet acte, que le ministère fût' entièrement constitué. Une crise ouverte et résolue de la sorte, c'est au moins une nouveauté dans le régime parlementaire. On ne sait encore quels hommes politiques accepteront les trois portefeuilles vacants, sous la présidence inattendue de M. FalLières. Il peut arriver demain que cette combinaison ministérielle échoue. Il pourrait se faire môme que la Chambre, quand elle connaîtra les nouveaux ministres, n'en voulût pas. Voilà pourquoi nous regrettons qu'un pareil débat ait été ouvert avec tant de précipitation....

À propos

La Justice est un quotidien républicain fondé par l’homme politique Georges Clemenceau en 1880. Malgré un tirage relativement restreint, il eut un impact considérable dans le monde parlementaire. En 1940, La Justice devient Le Mot d’ordre avant de disparaître définitivement en 1944.

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