Extrait du journal

On n’attend pas, au Tonkin, que les nouveaux crédits soient votés pour s’installer militairement. « On a jugé, dit le Progrès de Saigon, que, pour mener à bien le nouveau programme de pacification,il était nécessaire de rendre aux compagnies de tirailleurs tonkinois leur effectif primitif de 250 hommes, et comme il en manque actuellement 4,000, ce nombre de tirailleurs sera pris d’office parmi les miliciens exercés, de préférence ceux qui ont déjà servi aux tirailleurs. » Or, il parait que ceux-ci ne s’en soucient guère. Aussi notre confrère ajoute : « La confiance de la colonie en M. de Lanessan ne s’est point amoindrie, mais on commence à craindre qu’il ne cède un peu trop facilement en matière d’organisation, à l’influence de M. le général en chef. »On reproche également au gouverneur général d’avoir, dans son dernier banquet, ajourné à deux ans l’ouverture de l'Eldorado qui doit surgir de la transformation du Tonkin. Pour donner une idée de la façon dont l’opinion traite là-bas l’administration coloniale, nous transcrivons textuellement un paragraphe du Progrès au sujet de la réponse à faire par la chambre de commerce sur le nouveau tarif : « Nous croyons que la seule réponse digne à faire aux invitations de M. Etienne, c’est une fin de non-recevoir; car il ne faut pas nous dissimuler que s’il demande l’opinion de la colonie, c’est afin de pouvoir lui dire un jour, quand elle se plaindra : « Mais vous avez été » consultée et vous avez admis le principe » du tarif qu’on vous impose. »...