Extrait du journal

Par la suite, le nombre des joyeux dîners fut doublé. Ils accueillirent parmi eux Saurin le père ; Iiurlos, le futur secrétaire perpétuel de l’Académie française, qui, en attendant d’écris* ses Considérations sur tes Mœurs, publiait dj petits contes ; Leclerc de La Bruère, gazelle r et auteur dramatique, qui, un peu plu- tard, obtint, avec Fuzelier, un privilège pour rédiger 'e Mercure ; Moncrif, dont on cite, sans la lire, VHistoire des Chats, et qu'on avait surnommé 1" n historiographie » du roi ; le riche llelvetius, qui n avait pas encore écrit -on livre l)e l’Esprit, mais qui, étant bon, obligeant et généreux, faisait, dans ce milieu de gens de lettre - peu fortunés, ligure de Mécène ; le médiocre poète badin Bernard, pâle imitateur d'Ovide dans son Art d'aimer, mais fort habile a se pousser dans le monde et qui doit le plus clair de sa célébrité au surnom oe Gentil que lui donna Voltaire, vraiment trop indulgent, si nous en croyons cet aveu du prince de Ligne : « J'ai beaucoup vécu avec ce Gentil Bernard qui ne l'était ni de figure, ni de manières, m même d'esprit ; ce nom de Gentil m'a toujours fait rire. »...