Extrait du journal

C’est avec une légitime satisfaction que nous qui avons combattu, il y a dix ans, l’exclusion des salaisons américaines et dénoncé le piège grossier tendu par les protectionnistes sous prétexte de trichons, nous voyons aujourd’hui les mêmes hommes venir confesser que c’était un tour de passe-passe, et que la trichons n’a jamais existé que dans l’imagination des éleveurs de porcs français. C’est une exagération en sens inverse, car la trichons transmissible existe partout où il y a des chats, des lapins, des chiens et des porcs chez lesquels elle chemine à l’état pathologique. Un sénateur chimiste, emporté par son zèle, a même énoncé cette énormité que la saumure neutralise la trichons. C’est une erreur. Le microbe infectieux n’est atteint que par la température de 100 degrés, prolongée au moins quinze minutes et obtenue à l’endroit même où le kyste est logé. Or, c’est là la difficulté, et ce desideratum n’est réalisé que dans le jambon glacé cuit conformément aux règles de l’art culinaire. quant à l’examen fait en douane sur les pièces de viande salée importée, c’est un leurre administratif. Tout cela est vrai aujourd’hui comme il y dix ans, ni plus ni moins, et s’il y avait eu du danger hier, il y en aurait demain. Le point de vue a changé pour la majorité : les Américains nous ont bien contrariés avec Je bill Mac-Kinley, mais ils ont acquis de précieuses amitiés en France, et il s’agit de leur complaire à tout prix. Le vote du passage à la discussion des articles annonce quelles sont les dispositions du Sénat. Le projet du gouvernement passera aujourd’hui « comme une lettre à la poste »....