Extrait du journal

La Chambre et le Sénat ont voté une pension de 1,300 francs à la veuve de Gobillot, l’instituteur qui s’est suicidé le jour même de l’arrestation de l’assassin qui l’accusait d’être son inspirateur et son complice, et dont la justice a depuis pro clamé l’innocence. Voilà un fait. En voici un second : A Brest, jeudi dernier, trois mille énergumènes sont arrivés en colonne, devant l’école des Frères, hurlant la Carmagnole et Y Internationale, en même temps qu’ils poussaient les cris de : « Conspuez Duvian ! A bas les llamidicns ! A bas la calotte ! A bas les curés ! » Cette manifestation avait pour but de flétrir le frère Duvian, inculpé, mais non convaincu, d’attentats à la pudeur sur de jeunes enfants. L’Agence Paris-Nouvelles prétend que ces trois mille manifestants étaient des ou vriers du port de guerre. Nous espérons qu’elle se trompe. Nous nous refusons à croire qu’il y ait dans nos arsenaux de pareils voyous." Et l’épithète de - voyous » paraîtra, d’une modération ridicule, quand on saura que, non contents de pousser les clameurs et les injures les plus ignobles devant l’école des Frères, les manifestants en question se sont ensuite rendus devant plusieurs couvents, devant les églises Saint-Martin et Saint-Louis, en vahissant les marches du perron de cette dernière église et braillant : « Mort aux curés ! Brûlons l’église ! » Pour cette fois, ces Apachcs brestois, digues émules de ceux de Paris, ont bien voulu ne mettre à mort aucun cuvé. Ils ont même daigné ne point incendier l’Eglise, se contentant de lancer des pierres dans les vitraux......