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La Libre Parole, 5 janvier 1896

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La Libre Parole
5 janvier 1896


Extrait du journal

Ici, l’cgout déborde —■ regardons au loin! Mes sœurs d’âme, mes frères d’ar mes, ne souillez plus vos yeux des vilenies attristantes, commises, hélas, par les fils de notre commune mère, scories de la race, honte du vieux renom français! Cherchant à réparer au contraire, le crime de silence, par tant d’entre eux commis — et dont le sang chré tien, qui à flots ruisselle, rejaillit jusque sur 110s fronts! — efforçonsnous de déchirer les voiles, de dissiper les brumes, dont s’enveloppe le car nage vers le pourpre horizon. Laissons à d’autres mains les trente deniers dont se paie la vie du juste et le repos de la conscience; laissons aux cœurs lâches l’engourdissante béati tude des farniente. Si nul acte ne nous est permis, il nous reste le Verbe : la parole qui révèle, stimule, ne permet plus d’ignorer, et interdit l’abandon. Un peuple se meurt, un peuple va mourir, systématiquement décimé, « sa;gné » comme un / porc, plutôt que tué comme un adversaire! Et, jamais, sous le soleil de Dieu, il n’en fut de plus noble, de plus patient, de plus artiste, de plus croyant, de plus saintement héroïque ! Il faut le dire — les miracles ne viennent qu’à ceux qui les provo quent, qu’à ceux qui les méritent, par >e zèle de leur foi et la flamme de leur espoir ! Il le faut affirmer — en défi au mutisme intéressé ; en réponse aux mensonges qui, intervertissant les rô les, tendent à représenter les bourreaux comme étant les victimes! 11 le faut répéter — pour qu’au moins, dans ce pays des antiques bravoures et des miséricordes chevaleresques, l’écho paraisse encore vivant... qui redisait à l’Europe, qui renvoyait en éclats de foudre, sur le monde, l’invocation des opprimés ! Tâchons de n’être pas déshonorés tout à fait et que la France de meure la grande Consolatrice, — si elle n’est plus la grande Jusiicière... *** Voici la traduction d’une lettre envoyée d’Arménie à Paris ; je n’en supprime que ce qui pourrait amener sur l’auteur encore d’autres désastres ît de mortelles représailles : « Novembre 1895. » Mon cher fils, » J’ai reçu hier ta lettre, je l’ai lue, ?t j’ai pris connaissance du contenu. Mon cher fils, je n’osais pas t’annoncer îa fâcheuse nouvelle des événements de notre ville, craignant que ça ne te ‘asse trop affliger. Mais je pense ^ue tu apprendras cela par d’autres compatriotes, et aussi tu t’inquiéteras Beaucoup si tu ne reçois pas de lettre de tou père. u Je suis donc obligé de te décrire L’état déplorable de ton pays natal. » Trois semaines avant ma présente, ta populace islame a attaqué une pre mière fois notre ville. En dehors de ce qu’ils ont pillé tous les bazars chré tiens et une trentaine de maisons, ils ont aussi assassiné une vingtaine de personnes, sans que les autorités loca les y mettent un obstacle. v Puis ils sont allés attaquer les villages environnants habités par les Arméniens; ils ont pille et incendié toutes les maisons, et commis toute espèce de meurtres. Les survivants des villageois se sont enfuis en ville. Huit jours avant ma leitre, les Kur des des villages, unis aux Turcs de la ville, ont attaqué une seconde fois la ville. Après avoir pillé toutes les mai sons, ils ont aussi massacré beaucoup de monde. Plusieurs des survivants ont embrasse l’islamisme, pour la forme. Toutes nos églises ont été changées en mosquées. Ils ont jeté tous les livres saints dans la rivière et ont emporté tout ce qui se trou vait de sacré en or et en argent. Les prêtres ont été assassinés sur place, sauf un dont ils ont fait un Mollah. Enfin, les maux ont été tellement abo minables que je ne peux pas les dé crire. ” ^es premiers négociants de ta ville ont été massacrés; de moindres, egalement tués; tes meilleurs amis, les cinq frères Z..., les deux frères...

À propos

Fondée par le polémiste Édouard Drumont en 1892, La Libre Parole était un journal politique avançant des prétentions « socialistes », quoique son anticapitalisme populiste marqué se nourrissait essentiellement de liens présumés entre le capital et la communauté juive. Le journal répandait un antisémitisme virulent à travers de brutales diatribes et des unes sensationnalistes dénonçant quotidiennement des « conspirations ».

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