Extrait du journal

Au lendemain de l’adoption du fusil modèle 1886, dit Lcbel, notre infanterie possédait une arme bien supérieure à celle qui était en service dans l'infanterie alle mande, par la rapidité, la justesse de son tir et la pénétration de la balle. Le feu à répétition lui donnait, en outre, une écrasante supériorité. A ce moment-là, il n’est entré dans la pensée de personne de diminuer d’un tiers ou d’un quart le nombre de fusils à met tre en ligne, bien que l'effet fut équivalent à celui d’une infanterie en nombre supé rieur, armée de l'ancien fusil Mauser C’est pourtant ce que l’on fait en France après l’adoption du canon de 75 m/m. Sous prétexte qu’une batterie de quatre pièces produira le même effet que la bat terie allemande de six, on s’est dit : « A quoi bon garder six pièces puisque, avec quatre, nous pourrons lutter avantageuse ment contre la batterie ennemie. » C’est absolument comme si les Allemands qui ont une armée plus nombreuse que la nôtre disaient : « La France ne devant mettre qu’un million de soldats en ligne, faisons comme elle, opposons-lui un mil lion de soldats. » On sait bien que c’est le contraire qui se produira et que les Allemands ne cessent d’augmentep leurs effectifs. Quarante-trois nouveaux bataillons d’infanterie viennent d’être formés, de nouvelles unités seront créées dans l’artillerie campagne; il nous importe donc peu savoir si notre batterie de quatre pièces équivaut à la batterie allemande de six. 11 faut se de mander si nos voisins n’auront pas très prochainement un plus grand nombre de...