Extrait du journal

Tout cela, vous ne pouvez le contes ter, est l’évidence même; mais ce qui rend ce spectacle plus odieux, c’est la parade sentimentale qu’on se croit obligé de jouer sur le devant de la baraque pour dissimuler ce qui se passe dedans. Puisque l’occasion se présente de causer avec vous, je ne suis pas fâché, d’ailleurs, de vous communiquer des impressions qui, j’en suis sûr, sont les vôtres. Quoique vous passiez pour ne pas être folâtre, vous devez, en effet, rire de bon cœur, quand vous êtes seul, en examinant les projets de loi que tra verse le « souffle humanitaire ». Mon honorable collègue, M. Morlot, se dit : « C’est bien dur, pour un chourineur ou pour un escroc, de subir une peine quelconque et d’être obligé de faire de la prison. Ne pourrait-on pas lui infliger une simple punition morale : la réprimande? » Bérenger se dit : « C’est bien cruel encore de faire subir une réprimande publique à ces pauvres chéris ; l’absolution vaudrait mieux, une simple absolution dans le huis clos le plus absolu. » Vous voyez d’ici, vous qui êtes un légiste, ce qu’est devenue la concep tion d’un nouveau droit issu de la Révolution. Elle aboutit à la négation de tous les principes modernes; elle se résume par la suppression de cette publicité des débats qu’on réclamait jadis à grands cris... Elle propose la création du Juge unique, du fonction naire judiciaire décidant du sort des citoyens, sur le coup de téléphone d’un Monis, entre les quatre murs d’un cabinet. Le point à considérer, à ne pas per dre de vue, c’est la Ritrerie^ la farce....