Extrait du journal
L'ART ET L'OMELETTE Comme tout*le monde, vous avez visité les merveilles gothiques du mont Saint-Michel, parcouru en tout sens ce cloître dentelé aux murs formidables, forteresse de la foi de nos pères, glorification de leur art. Comme tout le monde, vous avez mangé l’omelette célèbre, faite dans l’une de ces hô telleries qui ont l’air d'appartenir au même propriétaire, et qui se dore dans la poêle à longue queue, sous l’auvent de l’ancienne cheminée où flambo un grand feu de bois sec. Terre libre accuse l’omelette de tenir une plus grande place dans l’esprit de la majeure partie des touristes que le joyau d'art gothi que pour lequel ils ont affecté de sc déran ger. Beaucoup ne montent que jusqu'à l’o melette, et redescendent sans avoir visité l’abbaye. Ce journal syndicaliste, ennemi des FrancsMaçons, peu sympathique, en général, à la classe bourgeoise et tiède à l’égard des « principes de 89 » écrit nettement : « Le tisonnier du fourneau s’est substitué à l’épée de l’archange qui monte la garde de Dieu au Paradis. » Il insinue aussi qu’avant 89, la légende de Saint-Michel, seule, régnait sur le fameux ro cher de la baie, mais que peu à peu, depuis l’envahissement du rocher par les bourgeois de toutes nationalités, la légende de l'omelette domina peu à peu l'autre. Il y a du vrai ! C'est l'histoire de ce ré veillon de Noël où tant de rastas célèbrent, à coups do douzaines d’huîtres et d’aspics de foie gras, la naissance du Christ expulsé du prétoire, de l’école et déboulonné de tant de calvaires, au bord des routes. L’omelette est mémo accusée d’avoir tant trafiqué de Saint-Michel, que, devenue riche, , elle aurait acquis presque tout l’ilot, qu’elle aurait concédé à une société anglaise « Pa trie et capital ». Je ne me porte point garant de ces faits. Mais il serait excessif que Saint-Michel, tout de même, fût cédé aux Anglais, comme le Congo le fut aux Allemands, lui qui semble commander en tel endroit une citadelle avan cée pour protéger justement la France contre l’Anglais. « Ah ! s’écriera Dujardin-Beaumetz, du fond de l’exil qui l’a arraché aux joies de la rue de Valois, comment ce régime, qui ne s’adiessc plus qu’aux estomacs, n’a-t-il pas eu l’idée d’établir un grand restaurant dans le Musée du Louvre ! La J oc onde aurait, servi de publicité et, une fois le restaurant lancé, on ne se serait même pas aperçu de son dé part. » — Jean Drault. P.-S. — Dans mon précédent article, j’avais écrit: « M. Enfer reçoit tous les soirs », et non pas « tous les mois ». — J. D....
À propos
Fondée par le polémiste Édouard Drumont en 1892, La Libre Parole était un journal politique avançant des prétentions « socialistes », quoique son anticapitalisme populiste marqué se nourrissait essentiellement de liens présumés entre le capital et la communauté juive. Le journal répandait un antisémitisme virulent à travers de brutales diatribes et des unes sensationnalistes dénonçant quotidiennement des « conspirations ».
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