Extrait du journal
Une adjudication annulée. — L’adjudi cation du 26 mai. — Un singulier ca hier des charges. — Une enquête né cessaire. — L’interpellation Salis. L’adjudication des draps de troupe effec tuée à l’intendance du gouvernement de Paris, le 26 mai dernier, adjudication dont ■ nous avons déjà parlé, il y a quelques i jours, vient d’être annulée par le ministre i de la Guerre. Le général Loizillon a donc reconnu l’illé; galité de l’opération du mois dernier. ! Les renseignements que nous avons re cueillis a ce sujet nous permettent d’ailleurs de mettre en pleine lumière les irrégula rités de l’opération. Il s’agissait, on se souvient, d’une adju dication de drap d’officier et de drap de soldat s’élevant à environ 1,500,000 mètres de drap par an ; les marchés devaient être passés pour neuf ans. Le jour de l’adjudication, on commença par adjuger les draps d’officier; puis, avant de passer à la seconde partie, les soumis sionnaires apprirent avec stupéfaction que l’adjudication allait avoir lieu sur deux chiffres, un chiffre maximum et un chiffre minimum. C’est-à-dire que le ministère de la Guerre avait fixé un chiffre au-dessous duquel les offres ne pourraient être acceptées. Or, cette application d’un prix minimum, contraire naturellement aux intérêts de l’Etat qui, pour cette seule adjudication, perdait environ un million, n’a jamais eu lieu. L’établissement d’une clause semblable ne peut se comprendre qu’en donnant à une phrase du cahier des charges un sens qui la transformerait en une véritable em buscade au profit de quelques initiés. Car il est difficile d’admettre qu’il y ait eu incompétence et maladresse de la part des bureaux de la Guerre. Voici,d’ailleurs,cette phrase du cahier des charges : « Ces formalités remplies, le président dépose sur le bureau la lettre close conte nant le ou les prix limites fixés par le mi nistre... » .Pourquoi ces mots : le ou les prix ? Puisqu’il y avait une double adjudication de drap d’officier et de drap de soldat, il fallait simplement les. D’ailleurs, plus loin, à l’article 20 du cahier des charges, nous lisons : u Le président brise le cachet de la lettre close contenant le prix limite et donne connaissance de ce prix... » Et à l’article 22 : « La lettre contenant le prix limite est recachetée... » il n’y a donc plus qu’un prix limite par adjudication, et ce doit être évidemment le prix maximum et non le prix minimum. Tels étaient les faits contre lesquels avaient protesté aussitôt les soumission naires ; mais on ne tint aucun compte de leurs réclamations et l’adjudication eut lieu. Dès le lendemain, une démarche fut faite auprès du ministre de la Guerre par les intéressés. Le général Loizillon leur déclara formelment que « s’il avait été fait usage d’une clause non annoncée aux soumissionnaires, il ne pouvait accepter l’adjudication ». Le conseil des ministres se rangea, una nimement, à l’avis du général Loizillon; ce pendant huit jours s’écoulèrent et ce n’est que lundi que l’adjudication fut déclarée nulle. Mais le ministre de la Guerre ne peut pas s’arrêter là; puisqu’il a reconnu lui-même l’illégalité de l’adjudication du 26 mai, il doit faire procéder à une enquête sur les circonstances qui l’ont accompagnée. D’ailleurs, M. Salis, député de l’Hérault, pour des motifs différents, il est vrai, a. pa raît-il, l’intention d’interpeller le ministre de la Guerre sur la décision qu’il vient de prendre. La moitié de la fourniture adjugée le 26 mai, soit 600,000 francs, avait, en effet, été attribuée à des maisons de Lodève, alors que telles maisons du Tarn et de l’Aveyron, fournisseurs de la Guerre, la première de puis 1882, la seconde depuis 1832, et qui ne font que le drap de troupes, étaient abso lument dépouillées. Le résultat était que deux cents ouvriers dans chacune de ces maisons auraient été congédiés du jour au lendemain. En interpellant, M. Salis n’a donc en vue que les intérêts de ses électeurs ; mais un débat au grand jour pourrait fort bien éclaircir certains points de cette affaire et aboutir à une enquête dont les résultats se raient des plus intéressants. Hervé Breton....
À propos
Fondée par le polémiste Édouard Drumont en 1892, La Libre Parole était un journal politique avançant des prétentions « socialistes », quoique son anticapitalisme populiste marqué se nourrissait essentiellement de liens présumés entre le capital et la communauté juive. Le journal répandait un antisémitisme virulent à travers de brutales diatribes et des unes sensationnalistes dénonçant quotidiennement des « conspirations ».
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