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La Libre Parole, 8 avril 1900

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La Libre Parole
8 avril 1900


Extrait du journal

nistre de la marine sur la défense de nos côtes. J’ignore comment on l’en tend en haut lieu, mais je suis un peu honteux, depuis le temps qu’on en parle, qu’elle ne soit pas encore ré solue. Je crains surtout que la marine, à court de bateaux, ne songe à se rattraper sur les troupes de terre. 11 faut bien se dire, en effet, que les côtes se défendent par les moyens maritimes mobiles, que dès qu’ils font défaut, aucunes batteries fixes, aucunes ressources terriennes ne peuvent les suppléer, que la preuve est faite et que l’entêtement n’est pas pour la dé faire. Si nous n’avons pas de bateaux et de torpilleurs, rien n’empêchera les Hottes ennemies d’insulter nos côtes ; mais ces insultes seront effectivement illusoires, un débarquement n’étant pas dans les moyens de l’adversaire en face d’un grand pays militaire comme le nôtre. &’il se produisait, ce débarquement serait même à souhai ter, parce qu’il permettrait de jeter à la mer la troupe qui l’aurait tenté. Or, cet effort peut attendre que l’ennemi ait pris pied sur notre sol même, il ne saurait que gagner à lie pas être immédiat pour se produire plus complet, et c’est à la réserve de chaque grand secteur maritime, con centrée intelligemment en arrière, qu’il appartiendra de le fournir. Dans ces conditions, des troupes territoria les sont tout indiquées pour la garde des côtes, et nos corps de réserve, non utilisés ailleurs, pour les appuyer comme appoint décisif du secteur. Si M. Lockroy a voulu réaliser la concentration de tous les moyens de défense des côtes entre les mains du ministre de la marine, la solution ne résiste pas à l’examen, attendu que les incursions de l’ennemi peuvent ne pas s’arrêter aux limites tracées par la marine et rendre insuffisants les effectifs dont elle dispose. Mais, si les entreprises de l’ennemi se bornent au bombardement des ports, quels re grets n’engendrera pas l’inutilisation de ces belles troupes de la marine qui, sur un autre théâtre, eussent peut-être décidé de la victoire ! Napoléon avait sur la matière des idées, peut-être inférieures, mais pro fondément différentes. Le soin jaloux avec lequel il ménageait sa Garde, la vieille surtout, l’inllexibilité qu’il op posait aux demandes prématurées de scs lieutenants pour l’engager, prou vent quel suprême espoir il plaçait dans cette intervention dernière et combien haut il comptait le prix de ces soldats extraordinaires. Aujourd’hui, où nos jeunes troupes présenteront à peu près la consistance des corps de conscrits amenés par Dupont, Moncey et Gouvion Saint-Cyr en Espagne, nous nous priverions de cette chance dernière de la seule réserve de soldats de métier qui nous reste, de nos uniques soldats de cam pagne, et nous écarterions du théâtre principal d’opérations les défenseurs de Bazeilles ! Ce serait encore plus ridicule pour nos calculs que cruel pour leurs drapeaux! Si contemp teurs que nous soyons devenus, en paix, du principe moral, dans nos dispositions officielles, on lui pouvait espérer la dernière concession du temps de guerre ! Si la découpure parlementaire qui fait en France figure de gouverne ment était susceptible d’autre chose que d’augmciïter le déficit et la plaie du fonctionnarisme, nous n’aurions pas renoncé, de guerre lasse, à tout es poir d’armée coloniale. Même en restreignant notre appétit colonial à notre capacité de colonisa tion, ce qui nous eût gardés de bien des mécomptes et de beaucoup de duperies, nous nous serions empres sés de canaliser, dans un puissant corps colonial, les velléités aventu reuses et les ferments de gloire qui, Dieu merci, vivent encore eu notre jeunesse française. Nous aurions facilité l’accès de cette élite à tous ceux, officiers et troupe, qui se fussent sentis de taille à courir plus vite dans la carrière, et nous eussions également ouvert très grandes les sorties pour ceux que les colonies auraient atteints dans leur vigueur physique ou intellectuelle. De iâ sorte, nous nous serions donné, en cas de guerre européenne, une réserve de premier ordre, instan tanément mobilisable, destinée, soit à doubler notre couverture, soit à iouer le rôle de vieille garde pour...

À propos

Fondée par le polémiste Édouard Drumont en 1892, La Libre Parole était un journal politique avançant des prétentions « socialistes », quoique son anticapitalisme populiste marqué se nourrissait essentiellement de liens présumés entre le capital et la communauté juive. Le journal répandait un antisémitisme virulent à travers de brutales diatribes et des unes sensationnalistes dénonçant quotidiennement des « conspirations ».

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