Extrait du journal
en terre. C’est là que le capitaine Ménard se réfugie. Armé de ses deux revolvers, il répond à la fusillade des assaillants et en fait un vé ritable massacre. Le feu est mis à la première enceinte. Menard seul, dans la seconde, tient tête à toute une armée. Par les meurtrières du sagné, on voit, tantôt à droite, tantôt à gauche, briller un éclair. La balle part et frappe un ennemi. Vingt-neuf gisent sur le sol. Mais les balles pleurent aussi sur le sagné. Les assaillants sont parvenus à mettre le feu à la toiture. A travers les débris et les flammes, on voit Menard passer. Un coup de fusil lui brise l’é paule gauche. Insensible à la douleur, le revolver à la main droite, il se précipite sur l’ennemi. Au milieu des balles, il gagne un ruisseau, où il se jette. Un projectile l’atteint dans le dos. Il tombe, et les noirs, accourant, l’achèvent à coups de sabre... Tel est le héros que le sculpteur Auguste Maillard a fait revivre dans le bronze. Lejeune capitaine, le revolver à la main, fait face aux agresseurs. Il se penche en avant pour les mieux voir. Il semble qu’on va le voir bouger. L’œuvre est d’un beau mouvement. Ce n’est, d’ailleurs, qu’une maquette qui est exposée à la galerie des Machines. La statue en bronze, depuis des mois déjà, se dresse à Lunel, sur son piédestal qu’ornent trois ad mirables bas-reliefs. D’où vient donc qu’on ne l’inaugure pas officiellement? Gaston Mery. LES ADIEU A~B UtBEROBSSE A l’heure où paraîtront ces lignes, Max Régis, gracié par décret, bouclera sa valise et s’apprêtera à sortir de cette prison de tiarberousse, désormais dotée par lui d’une légende que les générations algériennes se transmettront fidèlement. Il fera ses adieux aux gardiens qui lui furent tous si sympathiques, et qui, pré sents à nos entretiens, s’immisçaient de la façon la plus affable dans la conversation, ponctuant notre dialogue d’un petit geste approbatif et ne dédaignant pas le petit conseil d’ami. Ces gardiens, voyez-vous, faisaient partie de la grande famille dans laquelle nous vivions à Alger, et lorsque nous quittions la prison, après avoir embrassé Max, nous leur donnions de grandes poignées de main, comme si nous n’avions plus jamais dû nous revoir. Max, en partant, aura, j’en suis sûr, un serrement de cœur en quittant ces braves gens. Il faudrait bien peu connaître le cœur humain pour no pas croire que, même joyeux de se trouver au grand air, Max n’eprouvera point une petite pointe de re gret en délaissant ce logis à gros barreaux et à fortes serrures où il aura vécu les heures les plus émotionnantes, peut-être, de son existence. Une dernière fois, il jettera un coup d’œil ému sur les portes vitrées donnant accès aux petits réduits aux murs blancs dans lesquels il reçut Drumant, Guérin, son frère Louis, Baille, les avocats Poupillicr et Saurin, et tous ses amis, dont je m’honore d’être. Pendant deux mois, les destinées de l’Al gérie s'agitèrent dans ces petits salons de conversation à l’aspect rébarbatif. Max reverra la cage de fer appelée par loir où nous vîmes si souvent empilés Arabes en guenilles et manifestants con damnés, oausant à mi-voix funèbrement, sous l’œil des gardiens, avec leurs parents, leurs femmes, leurs amis en larmes, rete nus à deux mètres d’eux par une balus trade de fer. C’est dans cette cage à bêtes féroces qu’il fut enfermé, aux premiers temps de sa dé tention, pour parler à sa mère et à sa sœur, venues pour l’embrasser, et qui ne purent même toucher sa main. C’est de cette prison qu’il entendit les foules l’acclamer comme un jeune souve rain, et bercer sa captivité monotone du refrain désormais sans objet : Allons vite à la prison Max nous appelle ! C’est Barberousse qui a achevé la popu larité de Max et qui en a fait l’idole d’un peuple ardent, généreux, et Max vivrait cent ans qu’il n’oublierait point les péné trants souvenirs qu’il vécut entre les murs do cette bastille algérienne. Certes, il y souffrit, certes, il y passa des moments de profonde désespérance, avant cette époque où, résigné, il me disait : — Cette fois, j’y suis fait ; j’ai l’entraîne ment cellulaire et j’achèverai mes quatre mois sans être terrassé par l’ennui. L’oreille guettant les bruits du dehors, le prisonnier suivit toutes les péripéties de la triomphale campagne de Drumont, de puis le débarquement au milieu d’une foule en délire, jusqu’au départ qui lui fut révélé par l’écho des fanfares qui nous ac compagnaient au bateau. Et un légitime orgueil dut envahir son âme en songeant que cette écrasante vic toire était son œuvre, à lui, l’emmuré. C’est un vrai drame romantique qui s’est joué là-bas, sous ce ciel bleu, dans ce décor oriental, et la libération de Max, promise par Drumont aux Algériens, est le dénoue ment du premier acte. Lépine,envoyé pour mater ce peuple aux explosions terribles, selon l’administrative formule de la police de Paris, a joué là dedans, sans s’en apercevoir, le rôle d'un tyran d’opérette complètement gaga, qui ne comprend rien à tout ce qui se passe et qui passe interminablement d’un ahurisse ment dans .un autre. Nous le verrons finir sous les huées à la fin du deuxième acte,et les Juifs le suivront au troisième, selon les promesses de Dru mont, qui s’accompliront une à une, mé thodiquement. En disant adieu à la prison de Barbe rousse, Max n’oubliera pas de lui dire aussi merci. Elle a beaucoup servi au triomphe de sa cause qui est la nôtre. ^ Jean Drault. Un Procès de la Cle de l’Ouest Aujourd’hui sera plaidé, devant la A® chambre du tribunal civil, un curieux pro cès qui intéresse tous les travailleurs. Ce procès est celui qu’a dû intenter à la compagnie de l'Ouest Mme Mariette, la veuve du conducteur-chef du train 4e GranYjU&i dont la locomotive fit, le 98 octobre...
À propos
Fondée par le polémiste Édouard Drumont en 1892, La Libre Parole était un journal politique avançant des prétentions « socialistes », quoique son anticapitalisme populiste marqué se nourrissait essentiellement de liens présumés entre le capital et la communauté juive. Le journal répandait un antisémitisme virulent à travers de brutales diatribes et des unes sensationnalistes dénonçant quotidiennement des « conspirations ».
En savoir plus Données de classification - ménard
- boissy d'anglas
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