Extrait du journal
‘ Voici revenue l’époque des distribu tions de prix, et, avec elles, la marée des harangues pédagogiques. Nous allons entendre de belles redondances sur les mérites des hommes illustres, des conseils variés sur le meilleur moyen de devenir un des leurs. Cela parait toujours banal ; mais il y a, comme cela, une multitude de choses fort vénérables qui ne sont point originales. Les maîtres ont plus raison que jamais, quoi qu’on en dise, de tenir à l’antique usage. En un temps où il n’y a plus guère que des vanités, ils ne courent pas le risque d’exhausser à l’excès l’orgueil de leurs élèves. Si j’étais invité par M. le ministre de l’Instruction publique à prononcer un discours à la jeunesse studieuse, je n’en serais pas plus fier pour cela, mais, la mission acceptée, je n’irais pas par quatre chemins. Je 11e propo serais à son émulation ni plus ni moins que l’exemple de Napoléon Ier, l’homme à la mode. Et je 11’irais pas le chercher à l’école de Brienne, mais sur le rocher de Sainte-Hélène, où, après avoir etc le maître de l’Europe, il se refit écolier pour apprendre la langue de ses vain queurs, et dicta l’histoire de ses cam pagnes. Napoléon, dans les «affres du style», dans les angoisses du thème et de la version, ce dernier effort de la plus puissante des volontés est, je crois, le plus inédit de tous. Il méritait d’être mis en lumière par un professeur de rhétorique ou de grammaire pour les lauréats de nos lycées. Cependant le sujet n’en a encore tenté aucun, que je sache. Je m’en étonne; car, pour le traiter à souhait, il 11’était guère be soin que de rassembler quelques pas sages épars du Memorial de SainteHélène. Dans ce journal, où le plus fidèle et le plus dévoué des serviteurs, le plus convaincu et le plus ingénieux des pédagogues, relate les moindres pa roles, les actes les plus insignifiants du grand exilé, il n’est pas un des procédés de composition, pas une des habitudes intellectuelles de son illus tre élève qui 11e soient religieusement décrits. Je ne sais rien de plus réconfortant, pour la faiblesse commune, que ce bulletin des batailles du héros avec sa pensée....
À propos
Fondée par le polémiste Édouard Drumont en 1892, La Libre Parole était un journal politique avançant des prétentions « socialistes », quoique son anticapitalisme populiste marqué se nourrissait essentiellement de liens présumés entre le capital et la communauté juive. Le journal répandait un antisémitisme virulent à travers de brutales diatribes et des unes sensationnalistes dénonçant quotidiennement des « conspirations ».
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