Extrait du journal
Mon article sur la Fédération Nationale Antijuive m’a valu, et me vaut chaque jour, un si grand nombre de lettres que je me trouve à mon grand regret dans l’impossibilité matérielle d’y répondre per sonnellement. Je prie mes honorâmes correspondants de vouloir bien m’excuser, et je les prie en même temps d’agréer les sincères remercîments que je leur adresse ici, au nom de tous nos amis du Comité Exécutif. La plupart de ces lettres, outre de pré cieux encouragements, renferment d’utiles indications. Nous en tiendrons le plus grand compte, et nous espérons que nos dévoués adhérents continueront d’étre nos collaborateurs de tous les instants. Ce n’est qu’en restant dans une union étroite, en nous sentant les coudes sans jamais perdre le contact, que nous pourrons faire œuvre utile. Parmi les idées que nous soumettent nos correspondants, j’ai remarqué la sui vante qui se répète dans un grand nombre de lettres. « Le grand défaut des Ligues formées jusqu’ici par les honnêtes gens, nous diton, c’est qu’elles s’occupent trop exclusive ment de l’idéal et pas assez de l’intérêt. Nos adversaires, les socialistes en particu lier, tombent dans l’excès contraire ; ils n’ont d’autre préoccupation que de surex citer les convoitises et les appétits. Le sen timent de notre dignité d’hommes ne nous permet pas sans doute de suivre l’exemple de ces faux apôtres qui vivent de menson ges en fanatisant leurs malheureuses dupes; mais, peut-être y aurait-il un moyen terme à adopter. Peut-être pourrait-on", tout en parlant aux masses de devoir, d’honneur et de patrie, s’occuper un peu plus qu’on ne l’a fait jusqu’ici des côtés positifs et matériels de l’existence; car il faut vivre, après tout. « En un mot, il serait souhaitable que la Fédération nationale antijuive ne restreignit pas son action à la propagande purement politique, mais qu’elle développât l’esprit de solidarité qui a toujours manqué dans l’opposition, qu’elle pût devenir une sorte de grande mutualité française dont les adhérents auraient les uns pour les autres une affection vraiment fraternelle et se raient disposés en toute circonstance à se prêter appui... » Cette pensée si séduisante, que je résume ici, nous l’avions eue nous-mêmes. Elle n’est pas irréalisable, sans doute, mais, pour porter tous ses fruits, elle exigerait une association puissante, disposant de res sources considérables. Nous répondrons donc à nos amis : — « Cette grande mutualité française que vous rêvez et qui pourrait,en effet, rendre tant de services de toute nature, c’est à vous surtout qu’il appartient de la créer. Votre tache ne doit pas consister seule ment à nous donner de bonnes idées; il faut aussi flue vous fassiez un effort pour les mettre en pratique, chacun dans votre localité, ou dans votre région. Formez dos groupes, recrutez-nous des adhérents, in sistez près de vos amis riches pour qu’ils nous donnent leur concours pécuniaire; en un mot, soyez d’infatigables propagan distes. Ce n’est qu’à ce prix que nous pourrons triompher... Plusieurs de nos amis nous demandent également si nous ne pourrions publier dans La Libre Parole les principaux sta tuts de la Fédération Nationale Antijuive, ainsi que les noms des membres du * Co mité Exécutif ». Nous nous empressons de leur donner satisfaction. Voici les articles des statuts qui définis sent le caractère et le but essentiel de la Fédération : Article premier Il est formé entre les Français, non Juifs, une ligue qui prend le nom de Fédération nationale antijuiic. But de la Fédération Art. 5 La Fédération nationale antijulve a pour but de défendre, par tous les moyens appro priés aux circonstances les intérêts moraux, économiques, industriels et commerciaux de notre pays. Elle est une œuvre de relèvement national, do protection pour la conscience de chacun, d'assistance réciproque et fraternelle. Art. 3 Ses aspirations sont ouvertement patrioti ques et sociales....
À propos
Fondée par le polémiste Édouard Drumont en 1892, La Libre Parole était un journal politique avançant des prétentions « socialistes », quoique son anticapitalisme populiste marqué se nourrissait essentiellement de liens présumés entre le capital et la communauté juive. Le journal répandait un antisémitisme virulent à travers de brutales diatribes et des unes sensationnalistes dénonçant quotidiennement des « conspirations ».
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