Extrait du journal
I Vous verrez qu’ils seront de pierre A l’appel des désespérés, Qu’ils n’aurouf point en leur paupière Le gonflement des pleurs sacrés. Qu’ils feront plus pâles de haine Tous ceux qui grondent sous la peine Comme *le fer sous les marteaux, Et. qu’ils laisseront dans les plaies Toutes béantes sur les claies, L’horrible pointe dos couteaux 1 Que leur importe à ces artistes De la politique et du sang Que l’aïeule aux pauvres yeux tristes Agonise en les maudissant, Et que les bons outils sonores, Où sc reflétaient les aurores, Où l’acier se lamait. d’azur. Pendent, effroyants de silence, Plus rouilles qu’une vieille lance, Sur la sombre blancheur du mur! Assez, rêveurs ! Silence, apôtres 1 Penseurs, éteignez vos qiiinqucts! L’épouvantable faim des autres Est le piment de leurs banquets. Vanité, les douleurs humaines! Quand le bagne heurte ses chaînes, Quand la geôle pousse son cri, C’est, pour eux comme si la brise Chantait dans les bois, l’aile prise Au feuillage vert et fleuri. Le damné n’a plus qu’à se taire. C’est avec des morceaux d’enfer Qu’ils se façonnent sur la. terre Un paradis bruyant et clair. La mère en pleurs, l’enfant qui crie Ne méritent pas, ô Patrie! Le geste lent et recueilli, Qu’ils auraient seulement à faire Pour tuer beaucoup de misère Et pour créer un peu d’oubli ! II Oh! si la pitié n’est; pas morte, Les pauvres seuls sont châtiés. Comme on leur eût ouvert la porte! Comme on les eût amnisties! Comme on aurait avec des joies Rendu ces innocentes proies A leurs complices élégants, S’ils avaient, hardis saltimbanques, Larrons titrés des hautes Banques, Volé la France avec des gants ! Que n’ont-ils, sans rougir de liontc, Tendu sur le flot argentin Le filet des Comptoirs d’Kscompte, Où se prend le menu fretin I Que n’ont.-ils, enragés de vivre, Brassé l’or en battant le cuivre, Aux dépens des gogos déçus ! La grâce eût lavé leurs vieux linges; Et tout tressautant des méninges, Le Rothschild les aurait reçus. Bonsoir les chaussons de lisière Et le préau, maigre décor, S’ils avaient de façon prmcière Escamoté le rouleau d’or ! Pas de pognon, pas d’amnistie. La miséricorde est partie Vers des temps et des gueux meilleurs. Rien pour le serf, tout pour le maître : Ce qui leur manque, c’est de n’étre Ni des barons ni des voleurs! Hélas ! pour mériter la grâce, Pour se redresser doux et fort. Il faut qu’on ait, la tctc basse, Filé vers ta gare du Nord, Qu’on ait derrière soi, dans l'ombre* Laissé des misères sans nombre, Des tas de crédits cahotés, Et que .ïaume, calme et féroce. Vous ait pincé faisant la noce Avec les écus filoutés. III Mais gare à vous, feu sur qui bouge 1 Tout le bagne ! L’exil sans fin, Si vous avez un jour vu rouge, Dans l’épouvante de la faim ! L’épais brouillard ! L’eau grise et morte! Plus de Paris qui vous escorte...
À propos
Fondée par le polémiste Édouard Drumont en 1892, La Libre Parole était un journal politique avançant des prétentions « socialistes », quoique son anticapitalisme populiste marqué se nourrissait essentiellement de liens présumés entre le capital et la communauté juive. Le journal répandait un antisémitisme virulent à travers de brutales diatribes et des unes sensationnalistes dénonçant quotidiennement des « conspirations ».
En savoir plus Données de classification - renard
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