Extrait du journal

LA SITUATION Aux Philippines et à Cuba Alors que tous les regards étaient portés vers les Antilles, des événements graves sc préparaient aux Philippines et, nous l’es pérons, à l’insu du gouvernement espagnol dont les communications avec Manille ont été interrompues dès le lendemain delà ba taille navale de Cavité. • L’insurrection a pris un développement inouï; Aguirxaldo, que l’on croyait ennemi des Américains, a lait cause commune avec l’étranger et la situation de Manille et des points importants du groupe des Philippi nes est considérée comme désespérée. Aguinaldo est maître de la province de Cavité et de plusieurs villes de la province de Batanga. Il a télégraphié avoir pris 10 canons, 000 fusils, fait 2,000 prisonniers et tué 30O soldats ; il assiège 300 Espagnols qui se sont réfugiés dans l’église de Cavité-Viejo, qui vont être obligés de se rendre. Le gouverneur des Philippines, général Augusti, est débordé, et l’on prétend qu’il est à la veille de capituler. Si les bandes d’Aguinaldo commettent les massacres que l’on redoute, les Américains pourraient être rendus responsables de l'assassinat des étrangers, ce qui leur coû terait cher. A ce moment-là, les grandes puissances ne manqueront certainement pas d’inter venir, et c’est en prévision de l’anarchie qui vient d’éclater, redoutée depuis si longtemps, que la France, l’Allemagne et l’Angleterre ont envoyé des navires de guerre dans la rade de Manille. Ces événements ont produit une grande sensation en Espagne et ont eu leur contre-coup au Parlement; tous les partis sont d’accord pour offrir leur appui au gouvernement, à condition qu'il ne se borne pas à être le témoin des maux de la patrie. Les chefs carlistes et républicains dnt déclaré que bien que le gouvernement ne mérite aucune confiance, ils lui donneront son aide pour tout ce qui concerne la dé fense de l’intégrité du territoire. Ce langage est digne de ces patriotes qui ont compris qu’il ne fallait pas faire de ré volution en présence de l'étranger. Aux Antilles la situation est toujours grave, bien que les Américains ne parais sent pas avoir remporté les succès annoncés à grand renfort de trompettes. L’investissement de Santiago n'est, pas confirmé, encore moins la capitulation de cette ville dont la nouvelle avait été lancée par les Américains,...