Extrait du journal

Nous avions écrit à M. l’abbé Lemire pour lui demander dans quel esprit il jugerait Vaillant s’il était appelé à se prononcer sur sa culpabilité. Notre lettre est arrivée trop tard pour que la réponse nous put parvenir avant le verdict du jury de la Seine. M. l’abbé Lemire a tenu cependant à nous faire connaître ses sentiments. Voici sa lettre, si remplie de charité chrétienne et si belle dans sa simplicité. G. M. Paris, le 10 janvier 189/i. Monsieur Mer y, Votre lettre m’est arrivée en province, au moment où je quittais les miens et trop tard pour y répondre de là-bas. Ceci n’est qu’un accusé de réception. Il est écrit dans la chambre où j’ai souffert, un mois après l’attentat, et pen dant qu’on s’apprête à juger le coupable. Seul, entre mes quatre murs blancs, je prie Dieu pour que le malheureux soit traité avec pitié et que son âme aigrie en profite. Ces lignes vous parviendront quand tout sera décidé. Je les signe avec un profond sentiment de tristesse et en sou haitant que notre société fasse mieux que punir le mal ; qu’elle eu supprime les causes. Recevez, monsieur Méry, l’assurance de ma considération distinguée. F. Lemire. VAILLANT EN COUR D’ASSISES...