Extrait du journal

Consterné lui-même par ces décou vertes, le Chef de la Chancellerie faisait immédiatement adresser un secours à la victime de ces machinations énigma tiques, tombée dans le plus cruel dé nuement, et un certain retour de chance se faisait en môme temps en sa faveur. Le procureur de la République à Lure, les députés de la région, les journaux locaux et même un magistrat de la Cour de Cassation, le conseiller Bon net, s’intéressaient au pauvre diable, plaidaient sa cause... Enfin, on le réin tégrait discrètement dans une petite justice de paix de convalescence^ un pe tit poste de la Haute-Marne, oû il se re met, en ce moment même, de cinq an nées de misères et de torture... « Allons, lui écrivait là dernièrement h conseiller Bonnet, un peu de nerf, et ne vous laissez pas abattre ! On croirait que vous en avez pris l'habitude. Ce n’est pas le Pérou qu’on vous a donné, sans doute, mais cela vous permet d’at tendre des temps meilleurs... Je vous conseille surtout de prendre des arran gements avec vos créanciers, de façon à éviter tout désagrément. Les gens sa vent bien que votre nomination n’a pas fait passer le Pactole dans vos poches, mais ils ont, du moins, la certitude d’être payés avec un peu de patience... Quant à la robe que vous avez laissée à Héricourt, n est-elle pas susceptible de réparations ? La toque ? Ne pour riez-vous pas vous en passer jusqu'à nouvel ordre ? Je crois, d’ailleurs, qu’on pourrait trouver une robe d’oc casion, et à bon compte. Je demanderai des renseignements au concierge du Palais... »...