Extrait du journal

AGENCES NOUVELLES Chaque année, en Amérique, voit éclore u»e nouvelle promotion de parvenus. Dix mois auparavant, telle famille végétait ; un mari graissait des essieux de wagon, et sa femme vendait du poisson, telle Mme Angot sous le Directoire ; tel autre couple tenait un bar pour nègres, à Chicago. D’un bond, à la faveur d’un coup de Bourse, les voilà j millionnaires, smon milliardaires. Leur éducation première détonne avec le ! luxe nouveau dans lequel ils s'étalent. La j femme fait des cuirs en demandant le prix : d'un collier de perles princier. Le mari, de- j vont ses douze laquais poudrés et galonnés j d’or s'oublie et -se mouche dans ses doigts. Une agence a compris l’argent quelle pou- I vait gagner à initier les parvenus à leurs nou. i veaux devoirs sociaux, car l’Amérique voit, à j 1 état permanent, ce que contemplèrent nos pères de 1796 à 18*5. Sous le Directoire, le vaudevilliste Aude ob tint un succès fou avec sa Madame Angot, ancienne marchande de marée, qui ridiculi sait les gens enrichis trop vite dans les biens ! nationaux, et qui disait à son laquais, au mo ment de recevoir des invités : « Va t'en dieux le traiteur, ici à côté, et dis~y qui nous pré pare des rafraîchissements de toute espèce *>. Mme Sans-Gêne, la maréchale Lefèvre, était également une blanchisseuse arrivée ; la j Cour de Napoléon lui tint lieu d’agence, à celle-là. Là-bas, en Amérique, il n'y a aucune Cour peur former l'aristocratie nouvelle ; l’agence j est donc appelée à un plein succès. On y apprendra à saluer, à s’habiller, à j parler, à se tenir à table et à commander aux i domestiques. Ici, en France, une agence serait aussi bien j utile, non pas à l’usage des métèques trop i vite enrichis, mais plutôt à celui des autocli- j...