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La Libre Parole, 12 février 1897

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La Libre Parole
12 février 1897


Extrait du journal

UN CRIME I)E L’ADMINISTRATION Elle est navrante en sa simplicité, l’histoire du pauvre vieux qui a mis fin à ses jours, hier, de façon si tragique. Ceux qui la trouve ront en quelques lignes aux faits-divers des journaux bien informés, sous la rubrique sui cide, ne se douteront pas du drame poignant que cache cette sèche information. Depuis trente ans, trente ans vous entendez bien, il allait chaque matin prendre son ser vice de garçon au musée de Cluny, régulière ment, en bon employé qu’il était, et depuis trente ans il versait chaque mois, à la Caisse de retraites, la retenue réglementaire. Un jour, c’était avant-hier, il s’avisa que, de puis assez longtemps, il gardait les merveilles du Domaine ; que, si rempli de souvenirs que soit le musée de Cluny, c’était assez de trente ans de faction dans le vieux palais des Ther mes de Julien, et qu’il était temps de songer A la retraite. De ses trois fdles, deux étaient mariées : avec sa femme et sa Benjamine, il s’en irait à la campagne, vivre modestement du produit des sommes versées à l’Etat, prélevées sur les besoins immédiats en prévision des vieux jours. Ce n’était pas rêve insensé, n’est-ce pas ? Le vieux n’avait pas bâti de châteaux en Es pagne. Il était bien et dûment créancier do l’Etat, do l’Etat démocratique qui peut bien payer aux humbles ce qu’il leur doit, puisqu’il fait des libéralités aux millionnaires. Et mardi il s’adressait à qui de droit pour obtenir la liquidation de sa pension. — Comment, votre pension 1 s’exclama le fonctionnaire; il ne vous est rien dû, vous faites erreur. — Mais pardon, monsieur, objecta timide ment le père Petit, voilà trente ans que j’ap partiens à l’administration. — Possible, mais vous n’avez pas de dossier. Pas de dossier ! ce devait être formidable ; Petit avait son bon droit, il crut, le simple, que cela devait suffire, et il objecta, sûr de son effet : — Depuis trente ans, je subis la retenue, je verse à la caisse de retraite... — Je ne vous dis pas le contraire, mais vous n’ètes qu’auxiliaire, vous n’avez pas de droit à la pension. D’ailleurs, revenez demain ; on examinera votre cas. Petit sortit, convaincu encore qu’au premier examen on reconnaîtrait qu’il n’y avait poutetre pas outrecuidance de sa part à demander...

À propos

Fondée par le polémiste Édouard Drumont en 1892, La Libre Parole était un journal politique avançant des prétentions « socialistes », quoique son anticapitalisme populiste marqué se nourrissait essentiellement de liens présumés entre le capital et la communauté juive. Le journal répandait un antisémitisme virulent à travers de brutales diatribes et des unes sensationnalistes dénonçant quotidiennement des « conspirations ».

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