Extrait du journal

L5 SÉRIE BES SCANDALES Paris n’a pas le monopole des scandales à l’école, et je sais un inspecteur primaire dont la fonction n’est plus une sinécure de puis qu’il lui faut étouffer les scandales qui se succèdent dans son arrondissement : c'est celui de Clermont, dans l’Oise. C’était déjà une homme très occupé : il fut le promoteur du mouvement syndicaliste chez les instituteurs parisiens, et il est un collaborateur assidu de la « Revue de l’en seignement primaire. » Comment voulezvous qu’il remplisse les fonctions pour les quelles il est appointé, s’il lui faut procéder au sauvetage de tous ceux de ses subordon nés qui compromettent la Laïque. Notre confrère Bouteille, dans le « Journal de Clermont », publie une lettre des pères de famille de Lamécourt dans laquelle ils protestent contre les habitudes d’ivresse de leur instituteur. Les enfants courent cons tamment les rues, on rentrent à la maison en expliquant que « monsieur est saoul ». Une enquête faite par l'inspecteur a don né des résultats très défavorables. Autre enquête sur l’instituteur de Noroy, sur lequel courent des bruits beaucoup plus graves. Elle aboutit à un résultat imprévu : l’exclusion de l’école d'une petite fille pour un mois. Motif fourni par l'inspecteur : « Celle en fant a répandu contre l'instituteur des ac cusations graves, dont l’enquête n’a point établi le bien-fondé. Admirez la subtilité de ce langage : on ne dit pas que l'enquête a établi la fausseté de l’accusation ; on dit qu elle n'en a pas établi le bien-fondé ». Deux instituteurs, celui de Cernoy et un de Creil, ont été convaincus de faits d’im moralité ; mais, comme il est de règle, on les a soustraits à la justice en les faisant passer pour fous, et en les envoyant à l’a sile d’aliénés de Clermont en qualité de comptables. Cela fait exactement quatre scandales dans un espace de deux ans, pour un seul arrondissement. Il ne faut pas généraliser, disent mainte nant les organes du Bloch : c’est même comme un mot d’ordre depuis l’affaire Flachon. C’est entendu : les brebis galeuses ne sont pas tout le troupeau. Mais supposez que dans le même temps un seul religieux, pour tout le territoire français, se soit trouvé dans le môme mau vais cas, et jugez de l’étourdissant vacarme qu’aurait mené nos confrères épris d'équité contre « les monstres en soutane ». Albert Monniot. P.-S. — C'est par erreur que j’ai attribué l’aug mentation du produit des douanes en janvier à la suspension du droit l’an dernier, me fiant à une note qui suivait le tableau comparatif. Le droit à l’entrée sur les blés n'a pas cessé de jouer en 1911....