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La Libre Parole, 13 juin 1892

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La Libre Parole
13 juin 1892


Extrait du journal

pour lui qu’une fiche de consolation. Ceci nous donne une idée de l’intérêt qu’il doit porter aux services qui lui ont été con fiés. Toujours souriant, toujours gai, im peccablement serré dans sa redingote noire, M. Cavaignac, avec un geste ado râble de je m'en fichiste endurci, s’est écrié : « La marine ne peut recevoir télé graphiquement la nouvelle du décès des officiers. S’il en était ainsi, tous les frais de correspondance seraient absorbés par des annonces de ce genre. » Comme vous voyez, c’est d’un cynisme tout à fait réussi. Les termes mêmes de cette déclaration me revenaient à l’esprit quelques heures plus tard. A ce moment là, j’accompagnai un de mes amis au ministère de la rue Royale. Nous allions demander des nouvelles d’un officier, qui depuis quatre mois n’a pas donné signe de vie à ceux qui lui sont chers. Après avoir gravi nombre d’esca liers et nous être promenés de bureau en bureau, nous sommes tombés sur un employé, qui nous a répondu d’un ton convaincu : « M. X... n’est assurément pas mort, car nous sommes toujours pré venus par dépêche du décès d’un offi cier. » J’ai eu une formidable envie d’exhiber à cet homme le discours de son patron ! J’ai eu peur de lui causer une trop grande émotion. Mais enfin lequel des deux a menti ? Esb-re le ministre, qui a voulu se moquer des députés eu général, et de M. Lavertujon en particulier? Est-ce au contraire le bureaucrate, qui a voulu vanter son administration? Je n’en sais rien, mais cependant je crois fort que l’employé a eu raison. Je crois aussi que la dépêche annon çant la mort du commandant Maréchal est parfaitement arrivée an ministère de la Marine. Mais, il y a là un tel imbroglio, un si grand désordre, que cette dépêche aura été, comme tant d’autres, oubliée au fond d’un cai ton. M. Cavaignac ne pouvait décemment l’avouer. Il a préféré jouer au cynisme. Ce rôle paraît d’ailleurs lui convenir à mer veille! — Ad. P....

À propos

Fondée par le polémiste Édouard Drumont en 1892, La Libre Parole était un journal politique avançant des prétentions « socialistes », quoique son anticapitalisme populiste marqué se nourrissait essentiellement de liens présumés entre le capital et la communauté juive. Le journal répandait un antisémitisme virulent à travers de brutales diatribes et des unes sensationnalistes dénonçant quotidiennement des « conspirations ».

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