Extrait du journal
Cette question, les jurés de la Seine, lundi, vont avoir à se la poser. Car ils ne se trouveront pas en présence d’un acte hideux ou immonde vis à vis de qui toute assimilation, même [jure ment argumentatoire, serait outrage, mais en présence d’un acte presque accidentel, et de l’espèce que chacun peut rencontrer, au détour de sa route, sans l’avoir, jamais, ni voulu ni provoqué. Un homme est faible, plutôt chétif. Pour compenser sa faiblesse, comme il demeure loin dans la banlieue d’a bord, puis dans des quartiers déserts, le soir, où tard il revient ; comme il va visiter et soulager les pauvres, par fois au diable vau vert, en des zones dangereuses, en des parages perdus, il circule armé — bien avant même que d’être en butte à la menace d’un adversaire qui, solide, robuste, véhé ment, l’assommerait sûrement d’un coup de poing. Si bien que le jour où la rencontre se produit, où la menace, à l’improviste, s’effectue, aucune préméditation ne saurait être supposée de ce faible qui, sous les coups, sous l’outrage — pris d’effroi aussi peut-être, cela serait fort compréhensible, étant donné la disproportion des vigueurs — a cher ché, affolé, à se défendre, s’est dé fendu, a tiré.... et tué, hélas ! La question qui se pose est celle-ci : « Armé d’ordinaire, assailli avec cette » violence, frappé au visage, tout » homme de bonne foi peut-il garan» tir qu’il aurait eu la présence « d’esprit, qu’il aurait pris Te temps, » de choisir son moyen de défense — » ressentant cruellement, immédiate» ment l’infériorité de sa faiblesse — » et de calculer la portée de la répli» que, sous le poing qui le martelait ? » Et tout homme d’honneur eût-il, » sans mot dire, accepté l’affront? » Le verdict des jurés de la Seine va répondre; traduire leur personnelle impression ; exprimer s’ils jugent qu’en un tel cas on peut perdre la tête, et si, pour leur compte indivi duel, ils demeureraient insensibles et inertes sous un pareil affront. Je sais bien que l’Evangile com mande de tendre l’autre joue, mais ces abnégations sont quelque peu surhumaines, et guère (le mise dans le struyrjle contemporain. Je sais bien que le Code réprouve...
À propos
Fondée par le polémiste Édouard Drumont en 1892, La Libre Parole était un journal politique avançant des prétentions « socialistes », quoique son anticapitalisme populiste marqué se nourrissait essentiellement de liens présumés entre le capital et la communauté juive. Le journal répandait un antisémitisme virulent à travers de brutales diatribes et des unes sensationnalistes dénonçant quotidiennement des « conspirations ».
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