Extrait du journal

I Ali 1 ce pauvre Wilson, quelles rudes épaules I Quel torse vertébré de fer î Les autres sont plus purs que la neige des pôles t Lui seul est noir comme l’enfer ! Vas un d'eux n'a flanché devant la pièce jaune Qu'il ramassait en plein ruisseau : Lui seul a débité le ruban rouge â l'aune Lt vendu les croix au boisseau ! C'est en galvanisant l'éloquence en tonnerre Qu'ils ont. honnêtement vaincu : Lui seul a fait bâiller le scrutin débonnaire, Fn le chatouillant d’un écu ! L:\-dessus, trémolo de phrases indignées, Ois de fauves, guerre au couteau : Que le rameau pourri tombe sous les cognées î Qu'on trahie le drôle au poteau ! A vos verges, bourreaux! Passants, nouez la. corde! Monte au gredin ! Sus au bandit! Que ce larron d'honneur soit sans miséricorde Cloué sur la croix qu’il vendit ! Piaillons-lui dans le front comme un dernier stigmate Les bulletins qu’il achetai Qu'il ait un de ces jours le Quesnay pour Pilate Kt (’henoneeaux pour (lolgotha! II Or, je voudrais savoir, bons justiciers farouches, Hommes plus intègres que doux, Combien pour un Verrès entouré do gens louches Vous avez de Calons chez vous. Mais regardez-vous doue, confrontez votre houle. Soignez votre honneur abattu, Avant de confier à vos foudres de fonte Le soin de venger la vertu ! Fh quoi! c’est Turearot qui reproche ;l Cartouche Quelques heureux tours de bâton? C’est Nana qui, jouant :l la sainte-nitoucho, Offre Saint-Lazare il Coton? C’est Dumollard qui veut que Lacunaire expie La tin tragique du prochain ? C’est le vaut our goulu qui sermonne la pie ? C’est Chose qui flétrit Machin ? N’avez-vous pas aussi, sans qu’un remords vous pèse, Argenté quelques mécontents ? Ne vous a-t-on pas vu distribuer la braise, Grimpés sur le dos do Coïts! ans ? N'avez-vous pas poussé devant vous la séquelle, Des mondigots du bulletin, Comme les pitres font, au bout d’une ficelle, Gambader un maigre pantin ? Vos doigts éearquillés aidant la réussite. Fangeux avant, boueux après, N’ont-ils pas râtelé la dernière pépite Dans la vase des fonds secrets? Pour prendre, au luxueux traquenard des affiches, Le las des badauds ébahis, N’avez-vous point tapé les PruUhommcs godiches De quelques vert ueux louis ? Pour acheter le vote et réjouir la trogne Des électeurs d'estaminet, Vos maîtres n’ont-ils pas fait cracher sans vergogne Le vieux Rothschild au bassinet? III Ah! certes, ce serait une justice étrange, l)n misérable jeu d’enfants, Que Wilson fut tout seul éclaboussé do fange Par 1rs autres gueux triomphants. Nous les avons connus battant la grande déclic. S’abritant du vent sous les ponts : Maintenant ces gaillards ne sortent, qu’eu calèche. Avec des cochers il pompons. L’argent coule en leurs mains comme l’eau pleut des nues ; Leurs projets ignorent l’effroi ; Les laquais chamarrés et les maîtresses nues Leur font, une escorte do roi. Ils ont, au mois des fleurs, des châteaux sur la grève ; Les Corot, vaporeux décor, Ouvrent dans leurs salons des fenêtres de rêve, Où l’aube chante son chant d'or. Ne leur demandez pas quel oncle d’Amérique Les a subitement dotés. Tout cela, voyez-vous, c’est de la politique; Sonnez, clairons! tambours, battez! L’essentiel, aux temps de prodige où nous sommes. C’est qu’on puisse tous les matins JRtoffer son gilet d’invraisemblables sommes, Kspoir monnayé des catins, Qu'on ait maison de ville et. maison de campagne, Cour, basse-cour et haute-cour, Et qu’on traîne carrosse et qu’on soupe au Champagne, En gagnant vingt-cino francs par jour !...