Extrait du journal

Notre ami Paul Déroulède adresse la lettre suivante à M* Oscar Falateuf, ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats : Prison de la Santé, 15 septembre. Cher défenseur et ami, Je serai bien heureux de vous revoir de main. Mais comme vous devez, je crois, délibérer avant de m’avoir vu sur l’atti tude à prendre vis-à-vis de la Haute Cour, laissez-moi vous redire combien je liens à ce qu’il ne soit soulevé en mon nom au cune question dilatoire. Allons carrément au feu, sans essayer de nous perdre dans aucun maquis à la Zola. Ce ne serait ni digne de vous, ni digne de moi. Je suis condamné d’avance comme le général Bou langer. Ne faisons rien qui diminue l’ini quité, ne demandons rien qui ressemble à une concession même légale. Plus mes juges sont hors du droit, plus ma cause est juste. Il ne faut pas qu'ils puissent dire : nous avons accordé tout ce que nous ont demandé les défenseurs. Laissons faire aux autres ce que bon leur semblera. Si même vous pouviez séparer notre attitude et notre ligne de conduite, je le trouverais tout à la fois très utile et très sage. Dites-vous bien ceci, et ditcs-le bien à ceux des défenseurs de mes co-détenus qui conservent l’ombre d’une illusion. Il n’y a pas d’exemple qu’une Assemblée politique se réunissant pour juger des hommes po litiques ne les ait pas condamnés. Qu’ils n’espèrent pas (pie les sénateurs, électeurs de M. Loubet, signataire du décret de la Haute Cour, vont faire affront à la si gnature de leur homme de paille et me donner raison à moi contre lui. M. Loubet est l'accusateur, je suis l'ac cusé. La situation est simple et nette, et la solution inévitable. Subissons toutes leurs fantaisies, tous leurs caprices, toutes leurs tyrannies, quitte à les signaler et à les flétrir, mais ne le vons pas même le petit doigt pour rien modifier. Le combat est entre la République du Parlement et la République du Peuple. Les Parlementaires sont au pouvoir, je suis en prison : l’issue n’est pas douteuse... pour le moment. Pas de chimères juridiques en face d'il légalités flagrantes, réelles et voulues. Cordialement à vous, cher Maître, en toute admiration et en toute gratitude. Paul Déroulède, ♦ Ordre du jour du général Hervé Le général Hervé, inspecteur d’armée, a adressé le bel ordre du jour suivant aux trou pes des 6* et 20e corps d’armée, à l’issue de la revue qu’il a passée vendredi matin : « Les troupes des G* et 20* corps ont montré, dans l’épreuve des dernières manœuvres, qu’elles avaient conservé les qualités solides qui ont fait leur vieille réputation. » Au souffle patriotique qui les anime, il est facile de reconnaître qu’elles n'ont été nulle ment ébranlées par les récentes agitations de l’intérieur, qu’elles sont restées pleines de confiance et pénétrées de l’importance de leur mission sur la frontière. » Les soldats ont fait preuve d’entrain, de résistance et de bonne humeur. Les officiers ont eu de l’initiative dans toutes les circons tances. Enfin, les généraux et les chefs de corps ou de service ont su justifier la con fiance universelle par leur habile prévoyance. » Je suis particulièrement heureux de pou voir constater que les deux corps d’armée, si bien commandés par les généraux Kessler et de Monard, sont toujours dignes de la con fiance du pays qui, de son côté, a le droit d’être fier des soldats auxquels est confiée la garde de la frontière. » Signé : Hervé. •...