Extrait du journal

Nous avons hier, eu quelques mots, raconté la tentative d’évasion d’Emile Henry. U u journal du soir, la Patrie, traite cette information de « racontar » et pré tend tenir de « source autorisée » que notre récit est purement fantaisiste. Nous ignorons si la source à laquelle a puisé notre confrère est réellement « au torisée », mais, dans tous les cas, son dément i n’est guère sérieux. Voici, en effet, la copie textuelle du rapport de l’agent dont nous avons parlé, et qui figure à la cote M>5 du dossier : Paris, le G mars 189â. Les inspecteurs Ducliâtel et Duthiou me rendent le compte de ce qui suit : Henry a été conduit a deux heures au cabinet de M. Espinas, où a eu lieu une confrontation. Il nous a fait remarquer, à son retour dans sa cellule, que les gardes municipaux qui l’avaient accompagné chez le juge d’in struction lui avaient laissé tout le temps le cabriolet. Le détenu continue à former des projets d’évasion. 11 nous en a encore parié lon guement aujourd’hui. Il nous a même pro mis, au cas ou nous voudrions favoriser sa fuite, une somme de cinq mille francs et de nombreuses recommandations qu’il saurait bien se procurer, nous a-t-il dit, aussitôt libre. « En cas de réussite, a-t-il ajouté, vous me retrouverez au café du ser gent Bubillot, place de la République. » Avant de se rendre chez M. Espinas, l’anarchiste avait mis son chapeau et son pardessus, qu’il avait soigneusement bros sés. • ••#«• •#•# * # • Lu CHEF DH SERVICE Signé : (Illisible.) On voit que s’il y avait en cette affaire quelque chose de fantaisiste, ce n’était que le démenti de la Patrie. A. de B. « SÉANCE PERDUE...