Extrait du journal

« Qu’importe, me dit M. René Quinton, si Wellman n’a pu réussir sa traversée de l’Atlantique en dirigeable. Cela dépendait uniquement de * Ou nature des vents et de leur direction. Mais, quoi qu'il en soit, je voue, très sincèrement, à cet homme, une admiration profonde. Il fait son « métier d'homme », c’est-à-dire d’être intelligent qui prétend dominer la matière, et qui s’y efforce sans jamais se lasser. « Remarquez, d’ailleurs, que l’acte de M. Weüîman ost d’autant plus beau, qu'il ne peut avoir aucune portée pratique. Ce n’est point par le dirigeable que se résou dre le problème des grandes traversées maritimes ; mais par l’aéroplane. u Le dirigeable, en effet, offrira toujours au vent trop de prise et n'atteindra jamais des vitesses suffisantes pour éviter les mauvais temps. Il en est tout autrement de l'aéroplane, qui atteint déjà des vitesses de 150 kilomètres à l’heure et fera bientôt du 250 et du 300. Ce n’est plus qu’une question de temps. « Déjà nous sommes certains de pouvoir établir, dès l’année prochaine, un service régulier d’aéroplanes entre Boulogne et Folkestone. Ces deux villes nous ont promis une subvention de 50,000 francs. Le trajet se fera en 20 minutes au lieu d'une heure et demie. « Nous étudions actuellement un système d’aéroplane marin donnant toute sécurité en cas de panne en pleine mer. Nous avons déjà un appareil qui, posé sur l’eau, s’en lève facilement ; la difficulté, jusqu’ici, gît dons d'atterrissage — ou, pour être plus exact, dans « l’emmerrissage ». « Quand il touche l'eau, en effet, notre aéroplane marin tend à capoter, parce que ses œuvres basses ipüongent au lieu d’être soutenues et de rouler comme sur le sol. Mois ce n’est là qu’une question de mise au point ; il s’agit d’équilibrer T appareil de telle façon qu’en touchant la surface de la mer il se u cabre » au lieu de « piquer ». « Vous voyez que la difficulté à résou dre n’est pas considérable. « Quand nous aurons un appareil marin parfait, nous mettrons à l’étude un projet de service régulier entre Dakar, sur la côte ouest d’Afrique, et Pernambuco, sur la côte est d’Amérique. « La distance est de 2.900 kilomètres ; le trajet est coupé aux deux tiers par les Illes Saint-Paul. « A une vitesse de 150 kilomètres à l'heure. A suffira de 14 heures pour pas...