Extrait du journal

SOYONS PRÊTS A TOUT! M. Jules Cambon a quitté Berlin hier soir dimanche, et sera à Paris dans la matinée d’aujourd’hui. Aussitôt son arrivée, il aura une entrevue avec M. de Selves, ministre des affaires étrangères. Il est probable que tous deux seront ensuite reçus par M. Caillaux. Pendant les jours qui suivront, les con férences qui avaient lieu quotidiennement entre le président du conseil, M. de Selves et les ministres de la guerre et de la ma rin, emprunteront un intérêt particulier à la présence à Paris de M. Jules Gamibon. On annonce même qu’un conseil des mi nistres, convoqué d’urgence, se tiendra jeu di ou vendredi à’ Rambouillet, alors que la plus prochaine réunion ne devait avoir lieu que le 7 septembre. Tous les ministres sans exception assis teront à ce conseil, ceux qui sont actuelle ment absents de Paris reviendraient à cette occasion. Au ministère de l’intérieur on déclare que rien n'est décidé à ce sujet, mais « qu’il est possible que cette information ne soit que prématurée ». La convocation extraordinaire du conseil des ministres est donc arrêtée en principe, sauf à en fixer la date. Il est à peine utile de signaler l'impor tance de ce prochain conseil après la der nière entrevue qui eut lieu entre MM. Caillaux, de Selves, Messimy et Delcassé. La participation, qui fut très directe et très importante des ministres de la guerre et de la marine à cet entretien, montre bien que le gouvernement français a prévu l'hy pothèse d'une réplique à des menaces qui ne seraient plus seulement d’ordre diploma tique. Le gouvernement semble avoir fini par .comprendre.que, derrière lui, le pays est là. très ami de la paix, mais absolument ré volté à l’idée de s’aplatir devant le voisin. Il faut savoir gré aux ministres alle mands, et en particulier à la presse pangermanique, d’avoir réveillé en nous l’es prit de dignité et le souci de l'honneur. On dit que certains journaux allemands vont se montrer particulièrement violents pendant les dix ou quinze jours qui vont suivre. Déjà plusieurs commentaient hier le mot de Bismarck « que la force prime le droit. » Le devoir de la presse française est de dédaigner ces provocations puériles. Mais le devoir du gouvernement français est d'être prêt à tout événement. Peut-on espérer qu'il n’v faillira pas et tiendra, par .son attitude énergique, à "se faire pardonner les fautes du passé ?...