Extrait du journal
GARDES COMMUNALES Ce qui étonne un peu, dans la création de ces gardes communales qui, en temps de guerre, seront composées d’hommes de 45 à 55 ans ayant achevé leur service militaire, c’est de voir que, sous aucun prétexte, elles ne pourront être mises en contact avec l’en nemi. Il semblait que ce dût être leur seule rai son d’être : augmenter la force de l’armée de tout l’élcment valide que n’atteint plus la loi militaire, et il est permis de se demander si le gouvernement ne cherche pas à déna turer l’idcc jouable du commandant Driant d’armer les vétérans. Alors, quoi, voici un individu qui sera bientôt en état de pouvoir faire partie des gardes communales, moi, par exemple. Je me dis : « Vienne la guerre, cela ne m’empêchera pas, bien que mon service militaire soit fini, de donner encore un coup de main. Je puis fournir de bonnes étapes ; je tire bien, avec plus de sang-froid encore que lorsque j’avais vingt ans ; je puis démolir quelques Prus siens. Que ferai-je au juste ? Je ne sais î Peutêtre m’enrôlerai-je dans un de ces corps francs qui surgiront de terre comme par en chantement. Au besoin, j'irai demander avis à un général en me mettant à sa disposition. — Halte-là ! ripostent les organisateurs des gardes communales. Vous serez de la « garde communale », mon garçon. Vous n’irez pas voir le général, mais le préfet aux ordres de qui nous vous mettons ; la chasse au Prussien vous est interdite ; celle à l’Apache ou à l’en nemi de la préfecture, seule, vous sera per mise ! Vous aurez pour cela 2 fr. 50 par jour. — Mais pardon ! Je ne sais pas chasser l’Apache ! Il faut avoir, pour cela, une habitude, une expérience que je ne possède point ! Alors, vous disposez de moi pour me fourrer dans la police ! De quel droit ? La garde commu nale est donc la territoriale de la police ? J’accepte bien volontiers d’obéir à un général, mais non à un préfet! Un général, c’est la patrie ! Mais votre préfet, c’est le chef d'un parti dont je ne suis pas et que je veux pou voir me réserver de combattre, et de renver ser, même devant l’ennemi ; surtout devant l’ennemi, comme le « parti républicain » la fait en 1870. — Justement ! mon garçon ! C’est ce que nous voulons éviter ! Vous venez de mettre le doigt sur la plaie !... Nous fourrons sous la coupe du préfet tous les hommes libérés qui peuvent avoir l’idée de retourner contre nous ce que nous avons fait contre d’autres au Q uatre-Scptembi e... A donner si peu de détails sur son projet, le gouvernement laisse croire que l’organisa tion de la garde communale n’a qu’un loin tain rapport avec le souci de la défense na tionale. Il vaudrait mieux, vous m’avouerez, envoyer ces quinquagénaires défendre quel ques places fortes ou garder les prisonniers, ou surveiller les voies ferrées et garder quel ques gendarmes de plus à l’intérieur contre les Apaches et les antimilitaristes. La seule idée que, comme garde communal, je puis avoir un jour pour supérieurs hiérar chiques Monis et son cochon me fait pouf fer tout simplement ! 2 fr. 50 par jour ne sont pas une indemnité suffisante pour une pareille humiliation infligée à un citoyen français 1 — Jean Brault, j...
À propos
Fondée par le polémiste Édouard Drumont en 1892, La Libre Parole était un journal politique avançant des prétentions « socialistes », quoique son anticapitalisme populiste marqué se nourrissait essentiellement de liens présumés entre le capital et la communauté juive. Le journal répandait un antisémitisme virulent à travers de brutales diatribes et des unes sensationnalistes dénonçant quotidiennement des « conspirations ».
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