Extrait du journal
Il faudrait, je le crains, commencer par frapper très haut et notamment parmi ceux qui ont la charge de provoquer l’ap plication de la loi, et c’est réellement trop leur demander que de se désigner eux-mê mes à ses coups. Il en est des embusqués comme de tous les favorisés. Ils ne se sont pas embusqués tout seuls ; ils ont eu des embusqueurs, et les embusqueurs sont les vrais coupables. Que de fois, depuis le commencement de la guerre, du seul fait que je suis o-fficier général, et bien qu’on sache que je ne sois •pas de ceux qui distribuent les faveurs, ne m’a-t-on pas demandé d’intervenir, soit auprès de l’autorité militaire, soit auprès de médecins, pour obtenir quelque déci sion visant soit une embuscade, soit même une réforme. Ce qui me frappait le plus, c’était l’étonnement naïf et inconscient que me témoignaient les solliciteurs à voir la vivacité — j’allais dire la brutalité — avec laquelle ils étaient éconduits. Ces gens n’avaient certainement pas le senti ment qu’ils commenttaient une vilenie et me demandaient de les y aider. Dans cet ordre d’idées, je me rappelle rai longtemps qu’un jour, je fus abordé par un "ecclésiastique dont uti paroissien possédait un fils, lequel témoignait un grand désir de contracter un engagement volontaire et d’entreprendre de faire du métier militaire sa carrière. L’eccRésiastique me priait d’intervenir pour détourner le jeune homme de son intention et parut fort étonné quand je lui répondis, du tac au tac : « Que diriez-vous, monsieur l’iabbé, si je vous demandais de m’aider à dé tourner de la carrière sacerdotale un jeu ne homme qui en aurait la vocation ? » !1 y a quelques mois, au covrs de cette guerre, un de mes amis, homme d’âge et d’expérience, qui a occupé de hautes si tuations, m’écrivit trois lettres, coup sur coup, pour me prier d’intervenir auprès de certaine autorité médicale, afin d’en obtenir que son fils, qui jouissait, dans l’armée, d’une situation de tout repos, y fût maintenu, en vue d’épargner à sa mè re les angoisses de sa présence au front ! Pour ne point froisser un ancien ami, je commençai par ùui objecter que je me met trais en mauvaise posture en demandant ce qu’il réclamait de moi ; à la troisième lettre, je pris le parti de ne plus répondre....
À propos
Fondée par le polémiste Édouard Drumont en 1892, La Libre Parole était un journal politique avançant des prétentions « socialistes », quoique son anticapitalisme populiste marqué se nourrissait essentiellement de liens présumés entre le capital et la communauté juive. Le journal répandait un antisémitisme virulent à travers de brutales diatribes et des unes sensationnalistes dénonçant quotidiennement des « conspirations ».
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