Extrait du journal
Un publiciste russe qui revient de Berlin raconte ses impressions de voyage. A la gare de Charlottenburg, à Berlin, il se renseigne sur la possibilité d’aller à Paris. Exclamations : « Aller à Paris ? Vous n’y pensez pas. Il n’v a pas de com munications. » On verra bien. Le voyageur demande s’il y a un train pour Cologne. Il y en a bien un, au lieu de cinq, comme autrefois, il y a môme un wagon-lit, mais il ne va pas plus loin qu’Essen. Soit. Quatre nuits plus tard, voici notre hom me à Essen. « Tout 1© monde descend ! Terminus ! » C’est une cohue de voyageurs désemparés, de bagages entassés, d’em ployés incapables de donner un renseigne ment. Tout de même, il y a un train pour Cologne, bondé do voyageurs. Plus une place libre, mais avec un pourboire, le voyageur russe obtient de s’introduire dans un coupé réservé. Tout le monde est d’ac cord qu’il n’y a pas moyen d’aller plus loin que Cologne. Cependant, à Cologne, il y a un train pour- Paris, mais ce train est complète ment ride. La compagnie de chemins de fer a prévenu le public que, dans la zone occupée par les Belges, tous les risques sont à courir, les employés allemands étant remplacés par des machinistes bel ges « inexpérimentés ». De leur côté, les Belges font prévoir des sabotages de la voie par les Allemands. A chaque pas on rencontre un fonctionnaire belge. Le voyageur russe s’embarque néan moins. Dans le train, ni conducteurs, ni billets. On marche d’un pas de tortue, s’ar rêtant toutes les dix pninutes. Ce n’est qu’à partir de Liège que le contrôle reprend ses droits. C’est, enfin, le rétablissement du service d’avant-guerre, permettant au voyageur de constater que, si le désarroi qui règne en Orient a gagné l’Europe cen trale, U s’arrête en Belgique. Le tableau qu’il fait de la situation éco nomique de l’Allemagne est d’ailleurs très pessimiste. Le prix de la vie dépasse celui de la production, l’inflation fiduciaire est un désastre, les bandes faméliques atta quent les fermes pour y voler du grain et des pommes de terre, les paysans se bat tent entre eux, la police est impuissante à réprimer ces excès. L’Allemagne du Nord est en lutte économique contre les Bava rois qui ne veulent pas « travailler » pour nourrir les Berlinois, et le signe extérieur de cette guerre politique qu’a engendrée la guerre financière se manifeste directe ment dans ‘ une effroyable crise de trans ports, parce que le charbon manque. Il ne reste plus à l’Allemagne que de tomber dans le communisme pour que ce pays soit ramené à l’état catastrophique où est ar rivée la Russie, conclut le voyageur. Et ce récit, sans doute, valait bien d’être rapporté». Joseph Mollet....
À propos
Fondée par le polémiste Édouard Drumont en 1892, La Libre Parole était un journal politique avançant des prétentions « socialistes », quoique son anticapitalisme populiste marqué se nourrissait essentiellement de liens présumés entre le capital et la communauté juive. Le journal répandait un antisémitisme virulent à travers de brutales diatribes et des unes sensationnalistes dénonçant quotidiennement des « conspirations ».
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